Le FMI retire le mot « protectionnisme » de son communiqué final
Après le G20-Finances il y a un mois, le FMI a retiré samedi le mot « protectionnisme » du communiqué final de son assemblée de printemps, marquant un changement de position depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.
« Le mot protectionnisme est ambigu », a affirmé en conférence de presse Augustin Carstens, le président du Comité monétaire et financier international (IMFC), l’instance politique du FMI. Le communiqué se contente désormais de mettre en garde contre des mesures « de repli » économique.
En octobre dernier, l’IMFC affirmait pourtant encore explicitement que le « protectionnisme » faisait peser une menace sur la croissance mondiale.
A la mi-mars à Baden Baden (Allemagne), l’administration Trump, qui menace d’élever des barrières douanières et dénonce le libre-échange, avait obtenu le retrait de toute mention du protectionnisme dans le communiqué final du G20-Finances, après de dures négociations.
Interrogé sur le fait de savoir si le FMI avait lui aussi subi des pressions américaines, M. Carstens n’a pas clairement répondu.
« Il n’y a pas un pays au monde qui n’ait pas de restriction au commerce », a-t-il simplement répondu, soulignant que les membres du Fonds s’étaient efforcés de trouver une manière « plus positive et constructive » de parler du commerce mondial dans leur communiqué.
Le dirigeant, par ailleurs gouverneur de la banque centrale mexicaine, a préféré insister sur le consensus qui existerait au sein des 189 Etats-membres du FMI sur les bienfaits du commerce.
« Tout le monde est d’accord pour dire que nous avons besoin d’un commerce libre et équitable », a assuré M. Carstens.
« Nous devons travailler à renforcer la contribution du commerce pour nos économies », a-t-il ajouté, reprenant mot pour mot le communiqué final de l’IMFC.
Du côté de la Banque mondiale, la mention du changement climatique et des accords de Paris ont également disparu dans le communiqué final par rapport à celui d’octobre dernier.
Le Comité de développement de la Banque mondiale s’est limité cette fois-ci à soutenir « les biens publics mondiaux », alors qu’il se déclarait encore convaincu à l’automne que le « développement » allait connaître « des mutations fondamentales dues, notamment, au changement climatique, aux catastrophes naturelles et aux pandémies ».
Il citait aussi comme objectifs de la Banque « le développement durable et l’accord de la COP21 » de Paris, une mention qui a disparu du communiqué de ce printemps.
Le président Trump a plusieurs fois critiqué l’accord de Paris de décembre 2015 sur la réduction des gaz à effet de serre et annoncé son intention de relancer l’industrie du charbon aux Etats-Unis.
Si le patron de l’agence de protection de l’environnement américaine (EPA) a clairement appelé à sortir de l’accord, M. Trump réserve encore sa décision et devrait se prononcer d’ici à la fin mai.
La précédente administration américaine s’était engagée à Paris à ce que les Etats-Unis réduisent leurs émissions de CO2 de 26 à 28% d’ici 2025, par rapport au niveau de 2005.