Le Japon redémarre son premier réacteur nucléaire
Si le gouvernement japonais est parvenu, depuis le mois de septembre 2013 et l’arrêt du dernier réacteur, à combler l’absence de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique national et à répondre aux besoins énergétiques via l’augmentation de la production thermique d’électricité, cette période sans nucléaire aura considérablement affaibli l’économie du pays : importations de ressources fossiles en forte hausse, déficit commercial record, bilan carbone dégradé… Le gouvernement de Shinzo Abe souhaitait y remédier en relançant l’industrie nucléaire dans les plus brefs délais. C’est aujourd’hui chose faite avec le redémarrage mardi 11 août du réacteur Sendai 1, le premier à avoir obtenu le feu vert de l’autorité de sûreté nucléaire nippone.
Quatre ans après l’accident nucléaire de Fukushima, le Japon a relancé officiellement cette semaine son industrie nucléaire. A l’extrême sud-ouest de l’Archipel, à Satsumasendai, l’exploitant Kyushu Electric Power a enclenché mardi 11 août 2015 les procédures de redémarrage de Sendai 1, premier réacteur japonais validé par l’Autorité nationale de régulation nucléaire (NRA). Le réacteur devrait délivrer ses premiers kilowattheures dès aujourd’hui vendredi 14 août, et produire à pleine puissance courant septembre, selon un communiqué publié lundi par le groupe nippon.
Le gouvernement espère progressivement diminuer les importations d’hydrocarbures en très forte hausse depuis 2011 et rétablir ainsi sa balance commerciale. Les compagnies japonaises d’électricité ont toutes augmenté la production de leurs centrales thermiques en activité, et en ont remis d’autres en service pour pallier l’absence des réacteurs nucléaires qui fournissaient entre un quart et un tiers de l’électricité avant l’accident de Fukushima en mars 2011.
Entre avril 2014 et mars 2015 par exemple, 91,15% de l’électricité du Japon était produite par les énergies fossiles, 8,5% par les centrales hydrauliques et le reste (0,35%) par les autres énergies (solaire, éolienne, géothermique). Une prédominance des combustibles fossiles qui coûte très cher à l’Etat (car exclusivement importés) et aux consommateurs finaux d’électricité (+ 20% sur les factures d’électricité en moyenne, pendant la période zéro nucléaire).
Masakazu Toyoda, expert de l’Institut de l’économie énergétique du Japon (IEEJ), a évalué dans un rapport à 3.600 milliards de yens (environ 26,7 milliards d’euros) la somme supplémentaire dépensée chaque année par le Japon en hydrocarbures. Cette privation d’énergie nucléaire aurait également entraîné des déficits commerciaux importants, freiné l’activité dans l’archipel et restreint les rentrées fiscales (TVA, impôts sur les bénéfices des sociétés). Le déficit commercial du Japon s’élevait à hauteur de 24 milliards d’euros pour 2011, et a atteint un record de 97 milliards d’euros pour l’année 2014, malgré la baisse des prix du pétrole.
Sur le plan environnemental, le gouvernement souhaite réduire ses émissions de gaz à effet de serre (en forte hausse depuis 2011) de 26% entre 2013 et 2030, conformément aux engagements pris envers la communauté internationale, et vise pour y parvenir une part de 20 à 22% d’électricité d’origine nucléaire dans son mix électrique d’ici à 2030. Le relance d’un autre réacteur de la centrale de Sendai pourrait intervenir dès l’automne. Mais compte tenu des nouvelles normes, drastiques, imposées par l’autorité de sûreté nucléaire créée après la catastrophe de Fukushima, la relance des autres réacteurs devrait se faire très progressivement.
Crédits photo : Yuji Sakaguchi