Le lourd coût de la sortie du nucléaire pour les Allemands
Alors que le débat sur l’avenir du nucléaire fait rage dans la plupart des pays européens (y compris en France), le ministre allemand de l’Economie a pour la première fois chiffré le coût pour les contribuables de son pays d’une sortie du nucléaire. La facture serait évidemment plus lourde dans l’hexagone où la part de l’atome est plus importante.
Le ministre allemand de l’Economie Rainer Brüderle a estimé vendredi à 1 à 2 milliard d’euros par an les coûts associés à une sortie anticipée du nucléaire, telle qu’elle devait être discutée dans la journée par la chancelière et les chefs de gouvernement des Länder. « Cela peut représenter 1 à 2 milliard d’euros », a déclaré le ministre libéral sur les ondes de la radio Deutschlandfunk, tout en précisant qu’un montant précis était « difficile à évaluer ».
Le quotidien Süddeutsche Zeitung évoque vendredi un surcoût de 3 milliards d’euros par an, citant « des évaluations internes du gouvernement ». « Cet ordre de grandeur me paraît un peu trop élevé », a commenté M. Brüderle. La chancelière Angela Merkel rencontrait vendredi les chefs de gouvernement des 16 Etats régionaux pour discuter d’un virage de la politique énergétique, qui verrait le pays sortir plus vite que prévu du nucléaire et accélérer le développement des énergies renouvelables.
La catastrophe de Fukushima au Japon a un peu plus discrédité l’atome, déjà peu populaire en Allemagne, et le gouvernement, qui s’était engagé à l’automne à une prolongation de la durée de vie des centrales du pays, va revoir sa copie. « Une chose est sûre, cela va coûter de l’argent », a prévenu M. Brüderle, insistant sur la nécessité de construire de nouvelles lignes à haute tension, de nouvelles centrales au charbon ou au gaz, et de développer les réseaux électriques transfrontaliers.
Le ministère de l’Economie et celui de l’Environnement ont élaboré un plan en six points qui prévoit un certain nombre de mesures pour accélérer le développement notamment de l’éolien, et plus particulièrement de l’éolien en mer, et qui devait servir vendredi de base aux discussions avec les Länder.