Le nucléaire n’en est encore qu’à ses premiers pas
Dans une salle de squash abandonnée, sous les gradins du stade de football américain de l’université de Chicago, le 2 décembre 1942, l’humanité donna naissance à la fission nucléaire.
Les jeunes parents humains de cet enfant tout puissant vivaient en période de guerre. Impressionnés par sa force innée, ils l’envoyèrent faire son service militaire – l’énergie nucléaire est ainsi devenue un enfant soldat à l’âge de deux ans et demi.
Dis-moi ce que tu manges je te dirai qui tu es
Les humains font partie de l’espèce homo sapiens. Pour s’alimenter, ils ont toujours cueilli ce qu’ils trouvaient dans la nature et y ont toujours rejeté les déchets issus de leur système digestif.
Remarquant que leur nouvel enfant avait un goût prononcé pour un isotope rare d’uranium fissile, et à la demande des militaires, les heureux parents diversifièrent tout de suite la nourriture de leur enfant. Ils lui proposèrent de la nourriture solide : l’énergie nucléaire ingurgita donc des pastilles solides d’oxyde d’uranium dès son plus jeune âge. Mais les humains furent très vite désagréablement surpris de voir que ce qui sortait du système digestif de cet enfant était particulièrement toxique.
Après sa démobilisation, en 1945, les parents de cette jeune énergie souhaitèrent qu’elle contribue positivement à l’évolution de la société. Ils l’envoyèrent donc à la prestigieuse école des énergies, fin qu’il apprenne aux côtés d’autres énergies comment contribuer à la prospérité de l’humanité et à la protection de l’environnement.
Le nucléaire à l’école des énergies
Quand ils comprirent l’énorme potentiel de cet enfant, les professeurs de l’école l’accueillirent à bras ouverts. Il devint rapidement le chouchou des profs de physique, qui lui indiquèrent comment grandir et réaliser son potentiel. A tel point que d’autres élèves, comme le gaz ou le charbon, jaloux, commencèrent une longue campagne de harcèlement contre lui, dans la cour de récréation qu’est le marché mondial de l’énergie.
Mais suite à des cours d’ingénierie une orientation principale a été choisie pour ce jeune – celle du réacteur à eau Ppessurisée. Il a donc continué avec son régime de nourriture solide, et à l’âge de 73 ans il porte toujours des couches pour confiner ses déchets toxiques et éviter leur dispersion où ils seraient dangereux pour les humains et l’environnement.
En de rares occasions où il y eut des accidents de couche à l’école, les autres énergies en profitèrent pour le harceler, l’humilier – au point que même ses parents commencèrent à douter de lui. Avec sa confiance mise à mal, ses résultats scolaires, d’abord prometteurs, commencèrent à chuter.
Non. Le problème n’est pas l’énergie nucléaire – le problème vient de nous, ses parents.
Quand l’un de nos enfants est en difficulté scolaire, choisit-on de le punir ou de le soutenir ? Quand il cherche sa voie, l’abandonne-t-on face à ses choix ou l’oriente-t-on ? En cas d’accident ou de maladie, le critique-t-on ou l’aide-t-on à se soigner ? Se plaint-on de ce qu’il nous coûte ou admire-t-on son potentiel ?
La fission nucléaire est tout sauf une technologie mature. Les humains ont commencé à exploiter le charbon il y a 500 ans et sa consommation continue de croître aujourd’hui. Le réacteur à eau pressurisée est une technologie dotée d’une certaine maturité certes, mais qui est loin d’être en fin de vie. Il y a des centaines d’autres façons de produire de l’énergie grâce à la fission nucléaire – pour l’instant nous n’avons exploré qu’une seule voie.
Le nucléaire est dans son enfance – son potentiel d’apport d’énergie et de prospérité aux humains reste énorme. Nous lui avons donné la vie, nous devons le soutenir et l’aider à grandir aux côtés des énergies renouvelables et de son petit frère, la fusion nucléaire.
Dans cette perspective, il est essentiel de faire évoluer son alimentation. Un régime liquide à base de sels fondus pourrait l’aider à mieux digérer, à réduire les déchets qu’il rejette. Lui proposer du thorium pourrait également être une option intéressante. Il est également essentiel de le soutenir dans sa scolarité, de le protéger du harcèlement, et de compléter son éducation avec des études de chimie, d’architecture, de méthodes et d’économie. Ces changements marqueraient le début d’une deuxième ère nucléaire.
Pour accélérer notre transition énergétique, le problème n’est pas l’énergie nucléaire – le problème c’est nous.
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