Le Rassemblement national exige un débat parlementaire sur la planification énergétique
Le parti d’extrême droite s’oppose à la feuille de route énergétique du gouvernement, qu’il juge trop favorable aux énergies renouvelables, et agite la menace d’un recours juridique, voire d’une motion de censure.
Alors que le gouvernement s’apprête à valider par décret la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 3), le Rassemblement national (RN) hausse le ton. Le parti de Marine Le Pen réclame un débat au Parlement sur ce texte stratégique pour l’avenir énergétique de la France. Il menace même d’employer les grands moyens, en déposant un recours juridique – voire une motion de censure – si l’exécutif contourne les députés.
Mardi 25 mars dernier, Jean-Philippe Tanguy, député RN et vice-président du groupe à l’Assemblée nationale, a vivement interpellé le gouvernement lors des questions au gouvernement. « Si vous ne consultez pas le Parlement, nous aussi nous allons vous rendre un hommage à la Luc Rémont, en vous renvoyant », a-t-il lancé, en référence à la décision du gouvernement de ne pas reconduire le patron d’EDF.
Une opposition farouche à la PPE 3
Au cœur de la discorde : le contenu de la PPE 3, qui doit fixer les grandes orientations de la politique énergétique de la France pour la période 2025-2035. Ce document prévoit notamment de réduire la part des énergies fossiles de 58 % en 2023 à 42 % en 2030, puis 30 % en 2035. En parallèle, la part de l’électricité dans la consommation finale d’énergie passerait de 27 % à 39 % sur la même période.
Des projections jugées inacceptables par le RN, notamment en raison de l’accent mis sur le développement des énergies renouvelables. Marine Le Pen a dénoncé un projet « scandaleux », accusant le gouvernement de vouloir engager 100 milliards d’euros pour des énergies « intermittentes », dont 37 milliards consacrés au raccordement des éoliennes en mer. « Ce projet mérite un véritable débat national. Il ne peut être imposé par simple décret », a-t-elle martelé.
Le Parlement mis de côté ?
La possibilité d’un passage en force du gouvernement par décret dès le mois d’avril alimente la colère du RN. Jean-Philippe Tanguy a rappelé que la loi énergie-climat de 2019 impose une loi quinquennale pour fixer les objectifs et priorités de la politique énergétique. « C’est une obligation légale, pas un choix politique », a-t-il insisté en conférence de presse.
Pour tenter d’imposer un débat à l’Assemblée nationale, le RN a choisi une stratégie inattendue : reprendre à l’identique une proposition de loi adoptée au Sénat à l’automne 2024, portée par Les Républicains. Ce texte, bien que ne partageant pas totalement la vision du RN, pourrait servir de levier pour forcer une discussion lors d’une semaine réservée aux propositions parlementaires.
La menace d’une motion de censure
Le bras de fer pourrait prendre une tournure plus grave si le gouvernement persiste à ne pas saisir le Parlement. « Le recours juridique est acté. Quant à la motion de censure, Marine Le Pen et Jordan Bardella décideront », a averti Jean-Philippe Tanguy. Le RN s’était déjà illustré par une tentative de censure à l’encontre de Michel Barnier, alors critiqué pour sa position sur les tarifs de l’électricité.
La présidente du groupe RN a par ailleurs élargi le spectre de ses critiques, en pointant du doigt « l’absence de perspectives législatives » sur des sujets comme la proportionnelle ou l’immigration. Pour un député du groupe Droite républicaine, les signaux sont clairs : « On retrouve les mêmes symptômes que ceux qui ont précédé la censure contre Barnier. »
Un test politique pour le gouvernement Bayrou ?
Ce regain de tension intervient alors que François Bayrou, pressenti pour jouer un rôle central dans les arbitrages énergétiques, envisage un passage par décret pour la PPE 3. Une méthode qui pourrait s’avérer risquée si l’opposition parvient à fédérer au-delà de ses rangs.
En s’emparant de la question énergétique, le RN entend peser sur un débat structurant, à quelques mois d’échéances électorales importantes. Reste à savoir si l’exécutif acceptera de rouvrir la discussion ou s’en tiendra à sa stratégie de discrétion et de verticalité. Dans tous les cas, l’énergie redevient un champ de bataille politique majeur.
COMMENTAIRES
Le rassemblement nationale n’a pas compris qu’il n’y avait pas d’alternative !
L’uranium c’est comme le charbon ou le pétrole, quand il n’y en aura plus et bien…..il n’y en aura plus !
Le Soleil et ce qui en découle il y en aura encore pour pres de 10 milliards d’années ! Et contrairement au probleme du nucléaire nous n’avons pas besoin d’un miracle pour assurer cet avenir, simplement à affiner ce que l’on sait déjà faire.
Rien que pour leur entetement contre les renouvelables qui ne resulte que de ce que la gauche a choisi de soutenir cette solution, je ne voterai pas pour eux tant qu’ils ne changeront pas sur ce domaine où d’évidence, ils ne savent rien ! Ils ne se conduisent pas mieux que Trump qui croit en savoir plus sur le climat que les climatologues eux-mêmes.
@Serge Rochain,
Pour le moment et sans preuve du contraire, les ENRi dépendent énormément des Fossiles pour exister !!!
Le Charbon est encore à la base de l’Acier et de la purification du silicium…
Certes les ENRi sont une évidence à court-terme pour l’Europe, mais à trop dépendre de la Chine on se dirige droit vers une dépendance encore chronique vis à vis d’un Nouvel Empire (celui du milieu…).
Les ENRi et leur intermittence variable (et souvent aléatoire à quelques semaines près) sont dépendantes d’énormément de facteurs divers et variés … Notamment le Gaz Fossile en Back-up… Le BioGAZ avec le changement climatique risque de devenir à moyen terme une vaste « blague » !!! Brulera t’on de la Biomasse transformée à large échelle ou nourrira t’on nos voisins du Sud dans quelques années !? Ce point va devenir de plus en plus prégnant dans les années à venir et de justes mesures seront à trouver…
Le Nucléaire offre un base potentielle sure, avec une indépendance réelle sur quelques années et des technologies encore maitrisées en Europe… La surgénération est une voie d’avenir pour l’Europe pour avoir une base pour plusieurs siècles…
Le Nucléaire ne sera pas suffisant mais il peut largement amortir les décroissances énergétiques à venir en Europe…
Au premier trimestre 2025, les productions ENR sont à la baisse par rapport au premier trimestre 2024, le nucléaire et les énergies fossiles à la hausse. Il est utopique de penser que les ENR supplantent toutes les autres sources. Et cela ne concerne que le secteur électrique : https://energy-charts.info/charts/energy_pie/chart.htm?l=fr&c=EU&interval=quarter&year=2025&quarter=1