Le Royaume-Uni simplifie la procédure pour les forages de gaz de schiste
Le Royaume-Uni a réaffirmé, jeudi dernier, sa volonté d’accélérer les procédures de planification pour l’extraction du gaz de schiste dans le but d’exploiter les ressources de ce carburant qui pourrait fournir le pays pendant un demi-siècle. David Cameron souhaite trouver une alternative aux hydrocarbures produits en mer du Nord, où les réserves s’amenuisent. Pour cela, il est prêt à aller contre l’avis des autorités locales…
Auparavant, cette prérogative dépendait des responsables locaux qui se montraient parfois hostiles à cette source d’énergie. Mais le gouvernement britannique a modifié la hiérarchie décisionnaire, en attribuant le pouvoir de décision au ministre des Communautés et du gouvernement local. Le but de la manœuvre étant d’accélérer la validation des permis de construire, alors que bien souvent les autorités locales ne rendaient pas leurs conclusions dans le délai imparti de 16 semaines.
« Afin de nous assurer que cette industrie est active, nous ne pouvons pas avoir un système de planification qui laisse traîner l’échéance pendant des mois, voire des années, » a déclaré Ambre Rudd, secrétaire à l’Energie.Le gouvernement pourra également traiter en appel des dossiers rejetés par les élus locaux.
En juin dernier, la société Cuadrilla Resources a déposé deux demandes de permis pour l’extraction du gaz de schiste au conseil du comté de Lancashire (nord-ouest de l’Angleterre), qui n’ont pas donné suite. Les raisons évoquées étaient les nuisances sonores et visuelles qu’un tel chantier pourrait provoquer. « Les mesures prises aujourd’hui éviteront de longs délais qui pénalisent à la fois les entreprises et les habitants », ont mentionné les ministères de l’Energie et des Communautés.
En 2011, un forage effectué par l’entreprise Cuadrilla avait provoqué deux petits tremblements de terre, donnant des arguments aux plus réticents à ce projet. D’ailleurs, depuis l’accident, aucun puits n’a été foré. Le moratoire prononcé à la suite de cet incident a été levé à la fin de l’année 2012. Les débats ont depuis repris.
Le British Geological Survey a quant à elle identifié une région du nord de l’Angleterre (le bassin Bowland) comme pouvant détenir suffisamment de gaz pour répondre à la demande pendant près de cinq décennies (en se basant sur un taux d’extraction de 10%). Le gouvernement a tout de suite annoncé des allègements fiscaux pour les entreprises souhaitant travailler dans ce secteur.
Ce programme rencontre tout de même une certaine hostilité des militants environnementaux et des responsables locaux. D’une part car une chute des prix de l’immobilier pourrait se faire sentir. Les régions en question deviendraient moins attractives et le tourisme pourrait en pâtir. D’autre part en raison du risque de contamination des eaux souterraines que sous-tend l’extraction du gaz de schiste, cette dernière reposant sur une technique, la fracturation hydraulique, qui nécessite l’utilisation de produits chimiques.
Samuel BEDIN
Crédits photo : Ruhrfisch