Le secteur photovoltaïque allemand à terre face aux fabricants chinois
Après des années de croissance, le secteur photovoltaïque allemand craint une épidémie de faillite de ses entreprises face à l’entrée de la Chine sur ce marché.
L’horizon de l’industrie photovoltaïque allemande semble violemment s’obscurcir. Lundi 14 novembre 2011, le fabricant allemand Q-Cells publiait un rapport faisant part d’une perte nette trimestrielle de 57 millions d’euros, soit du quart de son chiffre d’affaires annuel. La société allemande, qui a dénoncé «un environnement de marché nettement plus difficile que prévu», n’est pourtant pas un cas isolé. En effet, Solarworld, le numéro un du secteur, a publié au troisième trimestre 2011 une baisse de 30% de son chiffre d’affaires.
Cette situation alarmante est confirmée par Andreas Hänel, le PDG de Pheonix Solar, une entreprise de construction de panneaux photovoltaïques qui explique que l’industrie solaire allemande «a perdu 40% de ses parts de marché depuis janvier 2011, à cause d’une baisse abyssale des prix de vente, mettant à bas le chiffre d’affaires et le taux de rendement».
Selon Wolfgang Hummel, de l’école supérieure pour la Technique et l’Economie de Berlin, l’industrie allemande est la seule coupable de ses maux : «la plupart des industries solaires allemandes ont sous-estimé le concept de concurrence brutale». «Ils n’ont pas baissé les coûts de production suffisamment vite, et ils ont eu l’idiotie de croire que leurs clients resteraient prêts à mettre le prix pour des produits «Made in Germany». Pourtant, les rois du soleil allemands ont bénéficié d’une politique environnementale jouant en leur faveur.
En effet, le gouvernement fédéral a mis en place des subventions (le tarif de rachat garanti pour 20 ans atteint 28,74 cents/kw pour les particuliers possédant des installations sur leurs toits) pour chaque nouvelle installation solaire, encourageant les particuliers à recourir à l’énergie photovoltaïque. De cette manière, les industries pouvaient compenser la baisse des prix des panneaux solaires grâce à une augmentation de 30% de la demande. En 2010, l’Allemagne totalisait sur son territoire la moitié de la production solaire mondiale, soit l’équivalent de 7 500 Megawatt, c’est-à-dire la puissance de huit centrales nucléaires de taille moyenne.
Mais aujourd’hui, le secteur craint de se retrouver au pied du mur, et ce pour plusieurs raisons. D’une part, l’industrie photovoltaïque est en train de subir l’après-coup du «boom des panneaux solaires de 2010», auquel s’est ensuite ajoutée l’arrivée fracassante de la Chine dans le marché du soleil. Selon les estimations du ministère de l’environnement, un grand nombre de fournisseurs chinois vendent le panneau solaire à un prix plus bas que son coût de fabrication, et ce pour gagner des parts de marché.
Cette stratégie se voit couronnée de succès : alors qu’en 2004, les producteurs asiatiques possédaient 7% des parts du marché mondial en photovoltaïque, ils ont atteint les 45% en 2010, soit 36,3 milliards de dollars. Quant aux parts de marché allemandes, elles se sont littéralement effondrées, passant de 69 à 21% en 2010. Et cerise sur le gâteau: actuellement en Allemagne, 70 à 80% des panneaux solaires installés proviendraient de Chine.
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