L’énergie au cœur de la visite de Macron en Chine
Le voyage officiel d’Emmanuel Macron en Chine, début janvier, a été l’occasion de rediscuter des relations commerciales entre Paris et Pékin. Le secteur de l’énergie a notamment été au cœur des affaires économiques abordées par le chef de l’Etat français et Xi Jinping. Petit tour d’horizon des projets nucléaires et renouvelables qui sont dans les tuyaux…
La Chine va mettre en service le premier EPR au monde
C’est au cours de la deuxième journée d’Emmanuel Macron en Chine que l’Élysée a fait une des annonces les plus importantes de cette première visite d’État de 2018 : les réacteurs nucléaires européens (EPR) de Taishan devraient être mis en service dans le courant de l’année 2018. Une première mondiale qui interviendra donc avant la mise en service de ces réacteurs nucléaires de troisième génération sur les sites français (Flamanville) et finlandais (Olkiluoto).
Lors d’un entretien accordé lundi à la presse, le président français a expliqué que l’autorité de sûreté nucléaire chinoise avait terminé à la fin du mois de décembre sa dernière inspection de construction de la centrale nucléaire de Taishan. Le gendarme chinois du nucléaire devrait donc donner au cours des prochaines semaines son aval pour les opérations de chargement du combustible dans le premier EPR.
« Pour les réacteurs EPR de Taishan, le chargement de combustible est retardé de quelques jours, et ce sera la dernière étape avant un lancement six mois plus tard », a indiqué une source proche de l’Élysée. Les prochaines étapes du projet sont donc confirmées : le lancement du premier réacteur et sa connexion au réseau interviendront d’ici mi-2018 ; les opérations similaires pour le second réacteur EPR de Taishan étant pour l’instant planifiées courant 2019.
Une première certitude pour Areva
Emmanuel Macron a également profité de sa visite officielle pour conclure des négociations entamées avec Pékin à propos d’une usine de retraitement des combustibles usés. L’Élysée a en effet annoncé la signature au Grand Palais du peuple d’un protocole d’accord commercial portant sur la construction par Areva d’un centre de retraitement de combustibles nucléaires usagés.
Il s’agit d’un important contrat d’une valeur de 10 à 12 milliards d’euros. Areva et son partenaire chinois CNNC doivent s’entendre sur les derniers détails du contrat au cours des prochaines semaines, pour une signature définitive au premier trimestre 2018.
« C’est une nouvelle étape dans l’avancement du projet qui confirme l’engagement de la Chine pour le cycle fermé et son intérêt pour les technologies françaises », s’est félicité Philippe Varin, président d’Areva, qui n’interviendra pas sur la phase de construction mais apportera ses capacités d’ingénierie pour la conception de l’usine et de ses procédés.
Cette future usine chinoise portera à la fois sur les opérations de traitement du combustibles usés (800 tonnes à l’année) mais également sur la production de Mox (un combustible recyclé pouvant être à nouveau valorisé dans les réacteurs nucléaires). Elle sera équipée des technologies utilisées par Areva sur ses sites de la Hague (dans la Manche) et de Melox (dans le Gard).
EDF renforce sa position sur le marché chinois
La visite officielle du président Macron a également été l’occasion pour l’électricien EDF de prolonger son partenariat avec la Chine. Fort d’une collaboration de 30 ans avec les autorités chinoises, l’énergéticien a en effet annoncé la signature de deux contrats d’envergure dans le domaine des services énergétiques.
Le premier contrat signé avec le partenaire local Changfeng Energy porte « sur la conception, la construction et l’exploitation pendant 30 ans d’un réseau de stations de production d’eau glacée et d’eau chaude sanitaire ». Cet accord a été passé avec la ville de Sanya, dans la province de Hainan, afin d’alimenter en climatisation et en chaleur les différentes zones (hôtels, centres commerciaux, hôpitaux…) d’une zone touristique en cours de construction (d’une superficie de 3,4 millions de mètres carrés).
Les installations de production thermique seront couplées à des panneaux solaires et un réseau de pilotage intelligent. L’ensemble devrait permettre de réduire de 20% les émissions de dioxyde de carbone par rapport à l’utilisation d’équipements individuels.
Le second contrat porte sur la construction et l’exploitation d’une centrale de cogénération biomasse de 35 MW dans la ville de Lingbao. Cette unité permettra de répondre au besoin en électricité et en chauffage de plus de 25.000 foyers chinois. « Dès la mise en service prévue début 2019, la municipalité pourra définitivement arrêter l’utilisation des chaudières charbon individuelles, évitant ainsi l’émission de 150.000 tonnes de CO2 par an », se félicite le groupe de Jean-Bernard Lévy.