L’EPR de Flamanville entre en phase d’essais
L’EPR, réacteur nucléaire à eau pressurisé de troisième génération, avec ses 1.650 MW de puissance, est le plus puissant réacteur au monde : il permettra de couvrir les besoins en électricité de 1,5 million de personnes sans émission de gaz à effet de serre. Il s’agit également du réacteur le plus avancé en matière de sécurité (il intègre les dernières innovations dans le domaine de la sûreté), de la protection contre les risques d’agression externe et de performance (30% de déchets radioactifs en moins qu’un réacteur classique). Quatre réacteurs de type EPR sont actuellement en cours de construction dans le monde (en France, en Finlande et en Chine). Celui en construction dans la Manche, à Flamanville, vient de débuter sa phase d’essais. Une étape clé sur le chemin de son lancement commercial. Explications.
Vérifier et tester le fonctionnement des circuits de l’EPR
La phase d’essais du réacteur à eau pressurisé européen actuellement en construction à Flamanville a officiellement débuté le jeudi 16 mars 2017. Cette période de tests des installations est une étape indispensable au lancement commercial de la centrale : le lancement de ce réacteur de 3ème génération dépend en effet des résultats qui seront obtenus tout au long de cette phase d’essais. L’étape majeure qui vient de débuter s’échelonnera jusqu’au dernier trimestre 2018 et mobilisera plus de 1.000 ingénieurs et techniciens expérimentés issus des équipes de l’électricien français EDF et de ses partenaires industriels. Ces essais ont pour objectif de vérifier la conception et de tester le bon fonctionnement de l’ensemble des circuits de l’EPR.
« Les premiers essais ont débuté mercredi et ont duré toute la journée. C’est la phase 1 de l’ensemble des essais à pratiquer. Elle consiste à procéder à des chasses en cuve, comprendre un rinçage des circuits de l’EPR », a expliqué Mathieu Cheret, le directeur de la communication du chantier de l’EPR. Concrètement, cette opération de rinçage consiste à faire circuler de l’eau à très grand débit dans l’ensemble des tuyauteries qui relient les systèmes de sauvegarde au circuit primaire principal et à la cuve du réacteur. Cette phase de rinçage devrait durer jusqu’à cet été.
Deuxième étape : les essais « à froid » et « à chaud »
Pour la seconde étape de cette période de tests, il s’agira de faire des essais dits « à froid » puis « à chaud ». Cette opération, qui se déroule sans combustible, consiste dans un premier temps à faire circuler dans les systèmes du réacteur un fluide dans les conditions de température et de pression ambiantes. Objectif : vérifier l’étanchéité du circuit primaire. Dans un second temps, les ingénieurs procéderont à la même opération à l’aide d’un fluide aux conditions de température et de pression similaires à celles d’exploitation. Une fois cette batterie de tests terminée, il s’agira de procéder au chargement du combustible. Prévue pour le quatrième trimestre 2018, cette opération permettra de débuter la troisième étape : les essais avec combustible lors du lancement de l’unité de production, qui se poursuivront tout au long de sa montée progressive en puissance (jusqu’à atteindre 100% de sa capacité de production).
Le couplage de l’EPR au réseau électrique français pour sa mise en service commerciale devrait intervenir au cours du deuxième trimestre 2019. Ce n’est qu’au quatrième trimestre 2019 que le réacteur devrait atteindre sa pleine puissance, à savoir 1.650 MW.
Le gouvernement prolonge l’autorisation de construction
Le début de la phase d’essais de l’EPR coïncide avec la publication au Journal Officiel d’un décret qui prolonge l’autorisation de construction. Il apparait en effet que la durée de l’autorisation initiale, prévue dans le décret signé en 2007, est de 10 ans. Or, la construction de l’EPR a connu certaines difficultés, retardant le démarrage de l’installation (prévu fin 2018). Un nouveau décret en date du 24 mars vient donc modifier celui du 10 avril 2007 afin d’étendre à 13 ans la période légale pendant laquelle le chantier de l’EPR peut être terminé. Consultée au moment de la modification de ce décret, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a rendu un avis favorable : « le report de trois ans demandé ne modifie pas les conclusions de l’analyse ayant conduit à l’octroi de l’autorisation de création de l’installation », pouvait-on notamment lire dans un communiqué de presse publié sur le site Internet de l’ASN.
Ce décret a notamment été signé par le premier ministre Bernard Cazeneuve. Ce dernier a d’ailleurs réaffirmé son soutien à l’énergie nucléaire. « Le nucléaire restera durablement la première source d’électricité en France, et un atout économique essentiel pour notre pays. Je suis Premier ministre, j’ai une conscience des échéances possibles. Je partage l’idée qu’il faut réduire la part du nucléaire, mais il faut le faire à un rythme qui permettra de créer de la valeur et d’atteindre les objectifs de la COP 21″.
Crédit photo : @edf – Alexis Morin