Les contours de la ville durable se dessinent
54 % de la population mondiale vit aujourd’hui dans les zones urbaines, une proportion qui devrait passer à 66 % en 2050. Problème : si les villes consomment les trois quarts de l’énergie produite et rejettent 80 % des émissions de CO2, l’urbanisation galopante doit désormais être envisagée différemment.
Qu’est-ce qu’une ville durable ? Difficile de répondre à cette question. Le concept est vaste tant les villes, au sein même d’un pays ou à l’échelle européenne et a fortiori mondiale, sont différentes. L’histoire industrielle, les villes nouvelles, les villes anciennes, le contexte géographique et sociologique, l’identité culturelle… la ville durable ne peut avoir de modèle unique. Il faut donc parler de villes durables au pluriel avec, toutefois, un dénominateur commun : le plaisir de vivre dans un espace où la réduction des émissions de CO2 et la préservation des espaces et équilibres naturels sont respectés.
S’il n’existe pas aujourd’hui de modèle type de ville durable, beaucoup de cités se sont résolument engagées dans des démarches exemplaires. En Europe, où deux habitants sur trois vivent en ville, Stockholm est parmi les plus avancées, misant sur les filières vertes et la qualité de vie avec 95 % de la population vivant à moins de 300 mètres d’un espace vert, un système de chauffage urbain, l’alimentation des bus au biogaz, des réseaux de pistes cyclable, etc. L’Allemagne est également à la pointe. Cette année, après la capitale slovène Ljubljana, Essen, située au cœur de l’ancien foyer de charbon et d’acier, a gagné le prix de la Capitale verte européenne. Une récompense pour les efforts déployés afin d’améliorer l’environnement urbain et d’accroître la sensibilisation à la nécessité d’une transformation environnementale à l’échelle de la ville. Essen servira de modèle d’inspiration en matière de développement urbain durable, grâce au partage et à la promotion des bonnes pratiques qui ont fait leurs preuves dans cette ville Outre-Rhin.
Des progrès notables en France
En France, dans le cadre de la récente loi relative à la transition énergétique et pour une croissance verte (LTE), les pouvoirs publics incitent les villes à se prêter au jeu de la réinvention des formes urbaines, de l’habitat et de leur aménagement dans une perspective de développement durable.
Dans l’Hexagone, la plupart des grandes agglomérations s’efforcent donc de mieux organiser leur territoire en redonnant un rôle de premier plan au transport public comme à Bordeaux, grâce à l’implantation de 43 km de lignes de tramway. Certaines villes, comme Rennes, ont cherché à développer le thème de la nature en ville, en inventant le concept de « champs urbains », ces espaces agricoles et naturels en lisière d’agglomération, à la fois lieu de détente et de production pour les citadins. A Chartres, une vingtaine de luminaires intelligents ne s’éclairent qu’en cas de trafic ou de présence de riverains. La ville de Bourges, de son côté, a installé des pompes à chaleur dans les écoles et les équipements sportifs. En Isère, la ville de Grenoble a été récompensée pour l’éco-quartier de Bonne. Un modèle en matière de recyclage qui répond aux enjeux du développement durable et illustrait bien déjà, en 2009, l’esprit du Grenelle de l’Environnement.
Des villes et même des villages s’engagent aussi à leur échelle dans des démarches similaires : Loos-en-Gohelle dans les Hauts-de-France, durement frappée par la crise, a mis en place une démarche de participation et d’éducation permettant la réhabilitation écologique des logements ouvriers, le développement d’une trame verte, la restauration paysagère des anciens terrils, la création d’emplois dans les éco-activités… Et nous pourrions encore citer une quantité d’autres exemples.
Le moteur de l’économie verte ?
Avec les problématiques d’économie d’énergie et la croissance des énergies renouvelables (éolien, solaire, etc.) de moins en moins coûteuses, les villes et les entreprises détiennent la clé du développement des villes durables. Levier fondamental au service de l’économie verte, elles contribueront nécessairement au développement de nouvelles filières créatrices d’emplois, notamment dans le domaine de la construction, des services urbains (énergie, gestion des déchets, traitement de l’eau, etc.), des transports ou encore de tous les services liés notamment au développement des nouvelles technologies. La ville durable a de beaux jours devant elle.
Crédit photo : @EDF – MURAT GUILLAUME