Les « liquidateurs » de Fukushima ont besoin d’être relayés
Depuis quelques jours, un groupe d’environ 50 employés de la société Tepco se battent afin d’éviter au monde une catastrophe nucléaire. L’inquiétude monte quant aux expositions que subissent ces travailleurs. En temps ordinaire, un travailleur du nucléaire ne doit pas être exposé à plus de 20 millisieverts par an, selon les normes internationales. Actuellement dans la centrale de Fukushima, la radioactivité a déjà atteint 400 mSv par heure…
La situation de ces héros de la nation est comparable à celle des pompiers qui étaient intervenus en premier à Tchernobyl pour essayer d’éteindre l’incendie du réacteur en feu. Ce sont eux qui avaient payé le plus lourd tribut. Ils avaient notamment été victimes de brûlures radioinduites par les poussières de césium (un radionucléide volatile) mais aussi d’irradiations massives. A l’heure actuelle, ces pompiers sont probablement tous morts.
A Fukushima, les salariés de la centrale doivent porter des combinaisons les protégeant du césium mais ces vêtements ne les protègent pas des radiations. Il apparaît donc urgent qu’ils soient relayés au plus vite.
La radioactivité a déjà atteint 400 mSv par heure. Il faut rappeler qu’à partir de 4000 mSv (soit 10 heures d’exposition à 400 mSv), la vie de l’être humain est condamnée, selon le Pr Jean-Marc Cosset, radiothérapeute à l’Institut Curie. A ce stade, la moelle osseuse est détruite. Ces salariés risquent donc ce que l’on appelle une aplasie médullaire qui conduit à un déficit en globules rouges, plaquettes et globules blancs avec des risques majeurs d’infections et d’hémorragies. Sans être remplacés, ils pourraient bientôt ne plus pouvoir travailler, car les doses de radioactivité vont être tellement fortes qu’ils seront pris de vomissements et maux de tête importants.
Le Premier ministre Naoto Kan a tenu à saluer le courage de ces volontaires. La gratitude envers les « liquidateurs » n’empêche cependant pas les critiques envers l’organisation des opérations sur le site par Tepco et l’agence de sûreté nucléaire japonaise, dans une opacité certaine.
Des critiques ont notamment fusé du ministère japonaise de la Défense, dont des soldats participant aux opérations ont été blessés et peut-être exposés à des rayonnements, au moment où une explosion a soufflé une partie du bâtiment extérieur du réacteur 3.