Selon l’Anses, les ondes émises par les compteurs communicants sont « très faibles »
C’est le 1er décembre 2015 qu’a débuté le déploiement du compteur électrique communicant Linky par le gestionnaire du réseau électrique français Enedis (ex-ERDF). Cette opération, ambitieuse vise à permettre l’installation de plus de 35 millions de nouveaux compteurs d’ici 2021. Permettant de relever quotidiennement les index de consommation d’électricité, ce boitier vert acidulé est pensé pour moderniser les infrastructures électriques vieillissantes de la France et pour les adapter aux nouveaux enjeux de la transition énergétique. Le projet suscite néanmoins un certain nombre de questionnements chez les citoyens. Il est notamment reproché à Linky de propager des ondes électromagnétiques susceptibles d’être nocives pour la santé. Après l’Agence nationale des fréquences (ANFR), c’est au tour de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) de revenir sur cette affirmation.
Une évaluation pour dissiper les craintes
Face aux inquiétudes que provoque l’installation du compteur Linky dans l’Hexagone, la Direction générale de la santé a mandaté l’Anses pour évaluer les effets sanitaires de l’exposition aux champs électromagnétiques qu’émettent les compteurs communicants de type Linky (pour l’électricité) et Gazpar (pour le gaz). Selon les conclusions de cette étude, rendue publique le 15 décembre dernier, les compteurs électriques dits « intelligents » exposent à des champs électromagnétiques très faibles.
Il apparait en effet que les émissions électriques ou magnétiques des compteurs Linky sont similaires à celles d’équipements classiques tels que les chargeurs d’ordinateur portable, les télévisions ou encore les plaques à induction. « L’agence conclut à une faible probabilité que l’exposition aux champs électromagnétiques émis par les compteurs communicants, dans la configuration de déploiement actuelle, engendre des effets sanitaires à court ou long terme« , estiment les auteurs de l’étude.
Selon les mesures effectuées par les scientifiques de l’Anses, les niveaux d’exposition aux champs électromagnétiques générés par la communication des informations sur la consommation (qui se fait de façon filaire via le réseau de distribution d’ERDF) affichent des taux « très inférieurs aux valeurs limites d’exposition réglementaires ». En ce qui concerne l’exposition à proximité des compteurs communicants par liaison radio sans fil (tel que le compteur Gazpar), elle s’avère « bien plus faible que celle d’un téléphone mobile ».
Les conclusions de l’étude de l’Anses ne font que confirmer l’innocuité des compteurs communicants. Innocuité dont l’ANFR et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) se sont déjà faites les porte-paroles.« Le compteur Linky reçoit et transmet les données via un courant porteur en ligne (CPL) à partir de votre domicile : l’information circule par le biais des câbles électriques, sans augmentation des champs électromagnétiques dans le logement par rapport à la situation actuelle« , explique un dossier de l’Ademe paru en mars dernier.
Mieux gérer sa consommation d’énergie
En France, le déploiement des compteurs intelligents est prévu par la loi n°2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Il s’agit de favoriser l’émergence des « smart-grids », ces réseaux électriques qualifiés d’intelligents, considérés comme l’avenir des systèmes de distribution d’électricité et de meilleure gestion des consommations énergétique.
Grâce aux technologies communicantes dont ils sont équipés, les compteurs intelligents rendent possible le calcul précis des factures d’électricité, sur la base des consommations réelles. Ils permettent également à l’usager de visualiser en temps réel les volumes d’électricité qu’il consomme et d’ainsi adapter ses habitudes (consommer mieux pour consommer moins). Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) évalue à 90 euros par an et par foyer les économies potentielles que peut générer la démocratisation des compteurs communicants.
Ces compteurs nouvelle génération permettent de « sensibiliser les consommateurs à leur usage de l’énergie, grâce aux données qui pourront leur être communiquées sur une semaine, voire sur une journée. L’analyse des données, éventuellement avec l’aide des fournisseurs, leur permettra de comprendre quels sont les gisements potentiels d’économies« , explique Françoise Thiebault, secrétaire générale des Associations Familiales Laïques (AFL) de Paris.
Optimiser la gestion des réseaux
Mais les bénéfices des compteurs communicants, et donc des smart-grids, ne s’arrêtent pas à la porte des ménages français. Ils permettront en effet, à terme, d’optimiser de manière significative la gestion du réseau électrique de l’Hexagone, en facilitant notamment l’intégration des sources d’énergies renouvelables au mix électrique national. Dans le cas du compteur communicant Linky, l’opérateur Enedis est informé avec précision des volumes d’électricité qui transitent à l’instant T sur son réseau : il lui est ainsi plus facile d’assurer l’équilibre entre l’offre et la demande, tout en intégrant sans risque la production électrique issue de sources intermittentes.
« Concernant l’intérêt pour les collectivités locales, Linky permet une meilleure connaissance des consommations énergétiques du territoire et donc un pilotage plus efficace des politiques de transition énergétique et de planification environnementale », explique Eric Alauzet, député Europe Écologie Les Verts (EELV).
Si la France n’en est qu’au stade du déploiement des compteurs évolués, d’autres pays à l’image de la Suède, la Norvège, les Pays-Bas ou encore la Grande-Bretagne ont déjà éprouvé leur efficience. Une étude menée Outre-Manche a récemment démontré une baisse moyenne des factures des ménages équipés de compteurs communicants de 23% par an. Les compteurs intelligents apparaissent donc comme de véritables outils au service de la transition énergétique. Comme ses voisins, l’Hexagone devrait pouvoir compter sur leur déploiement pour, notamment, rationaliser la consommation d’énergie des ménages et favoriser l’intégration des énergies renouvelables dans ses réseaux.