Avec LetterOne, BASF veut devenir un leader européen des hydrocarbures
Le chimiste allemand BASF a signé une déclaration d’intention pour fusionner sa filiale d’hydrocarbures Wintershall avec DEA, détenu par le fonds LetterOne du milliardaire russe Mikhail Fridman.
La transaction vise à « créer l’une des plus grandes entreprises indépendantes de production et d’exploration en Europe », a indiqué le groupe rhénan dans un communiqué. BASF avait déjà fait part de discussions en ce sens fin novembre.
Grâce à un échange de titres, BASF détiendrait dans un premier temps 67% de la nouvelle structure baptisée Wintershall DEA, et LetterOne 33%.
BASF avait déjà essayé en 2015 de se saisir de DEA, cédé par l’énergéticien allemand RWE, et finalement remporté par les russes de LetterOne pour 5,1 milliards d’euros.
Ce rapprochement des deux filiales ou ex-filiales allemandes doit permettre de réaliser des synergies, notamment géographiques, ouvrant à l’allemand BASF la zone russe, et l’Europe du Nord à l’allemand DEA.
BASF et LetterOne tablent sur une entrée en Bourse de Wintershall DEA à moyen terme. Avant cela, les négociations entre l’allemand et le fonds basé au Luxembourg doivent se poursuivre.
Rien ne permet d’assurer que l’opération sera conclue, a prévenu BASF, comme il l’avait déjà fait fin novembre.
Les deux groupes visent une finalisation de la transaction, soumise au feu vert des autorités de la concurrence, au cours du second semestre 2018. La coentreprise sera basée à Munich.
La future entité pourrait tabler sur un chiffre d’affaires de 4,3 milliards d’euros par an, et la production de 210 millions de barils (159 litres) par an, selon les analystes cités par le journal Handelsblatt.
L’allemand applique la stratégie énoncée par son patron Kurt Bock, qui est de saisir des opportunités de croissance dans ses secteurs stratégiques. Le pétrole et le gaz en font partie, avec 2,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires enregistrés en 2016 pour un résultat opérationnel (Ebit) de 500 millions d’euros.
L’opération avait mis du temps à se concrétiser, en raison des réserves des autorités britanniques à donner leur feu vert au vu des sanctions occidentales contre Moscou.
Ce rapprochement est interprété par les analystes comme un premier signe de la volonté de désengagement de BASF du secteur des énergies fossiles dans un contexte de montée en puissance des énergies renouvelables.
La présence du chimiste allemand BASF depuis 1907 dans le pétrole était considéré comme un particularisme qui donnait au groupe de Ludwigshafen un poids géopolitique, notamment en raison de ses liens financiers et opérationnels forts avec le géant russe Gazprom.
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