Liban: des navires-centrales turcs cessent de fournir 25% de l’électricité du pays
Deux navires-centrale stationnés au large du Liban ont arrêté vendredi leur production en raison d’un retard de paiement et d’un différend juridique avec les autorités, privant le Liban d’un quart de son approvisionnement en électricité, a indiqué l’entreprise turque Karpowership, dans un communiqué.
« Nous regrettons profondément la fermeture » des centrales flottantes, situées au large des villes de Zouk Mosbeh et de Jiyeh –respectivement au nord et au sud de Beyrouth–, a précisé Karpowership.
« Durant dix-huit mois, nous avons été excessivement flexibles avec l’Etat, continuant de fournir de l’électricité sans paiement ni échéancier de paiement parce que le pays traversait déjà une période difficile », a-t-elle poursuivi. « Toutefois, aucune entreprise ne peut fonctionner dans un environnement présentant de tels risques ».
Une source au sein de l’entreprise a indiqué à l’AFP que les deux centrales n’étaient plus approvisionnées en carburant depuis 05H00 GMT vendredi. Selon elle, l’Etat libanais doit plus de 100 millions de dollars à Karpowership et a menacé de saisir les deux centrales flottantes.
Un procureur libanais a interdit début mai aux deux navires de quitter les eaux territoriales du Liban en raison du versement présumé de commissions occultes. Cette accusation peut entraîner une pénalité pour l’entreprise de 25 millions de dollars, avait alors indiqué une source judiciaire libanaise, sous couvert d’anonymat.
Karpowership a rejeté ces accusations, les estimant « sans fondement et manquant de crédibilité ».
Les deux navires-centrale opèrent au Liban depuis 2013, fournissant jusqu’à 25% de son électricité, selon l’entreprise.
Plusieurs responsables ont mis en garde depuis mars contre un « black-out » total dans le pays, dont les grands axes routiers et les ruelles sont souvent plongés dans le noir.
Habitué aux coupures quotidiennes d’électricité depuis la fin de la guerre civile en 1990, le Liban a versé des milliards de dollars de subventions au secteur de l’électricité mais l’entreprise publique Electricité du Liban (EDL), chroniquement déficitaire et symbole de la mauvaise gouvernance et de la corruption de l’Etat, est toujours dans le rouge.
Depuis des décennies, le Liban souffre d’infrastructures en déliquescence. La situation a empiré depuis fin 2019, avec un effondrement économique dont les conséquences sont de plus en plus tangibles.
COMMENTAIRES
Si on met de côté le drame de la population libanaise qui n’est en rien responsable si ce n’est néanmoins lorsqu’elle met un bulletin de vote dans l’urne, l’arrêt de ces navires-centrales est une excellente nouvelle pour l’environnement, car il y a gros à parier que les groupes turques concernés sont de vieux moteurs fonctionnant avec un fioul lourd bien dégueulasse et hyper-polluant.
La situation libanaise est un excellent exemple de ce que pourrait devenir le monde si on ne met pas une fin définitive à cette dérive « libérale » qui est très tolérante avec les voyous en col blanc (à la condition de changer de chemise 3 fois par jour).