Le Liban de nouveau plongé dans le noir
La compagnie publique Electricité du Liban (EDL) a annoncé samedi que ses centrales étaient à l’arrêt, accusant des manifestants d’être responsables de ce nouveau blackout en ayant saboté le réseau électrique.
L’électricité publique est déjà coupée au moins 20 heures par jour au Liban en raison d’une pénurie de carburant liée à l’effondrement économique du pays. Samedi, des manifestants excédés par les coupures se sont rués vers une centrale de distribution d’EDL dans la région d’Aramoun, au nord de Beyrouth, a indiqué la compagnie publique dans un communiqué.
« Des manifestants ont déconnecté un transformateur de puissance de 150-220 kilovolts et coupé la ligne à haute tension reliant la centrale électrique de Zahrani à la centrale de distribution d’Aramoun », est-il ajouté. « Cela a perturbé le réseau électrique (…) causant un blackout complet à travers le territoire libanais à 17H27 (15H27 GMT) », écrit encore EDL.
Cette nouvelle coupure va encore accentuer la pression sur les générateurs privés qui ont déjà du mal à pallier l’absence quasi-totale de courant étatique dans le pays en crise.
Les coupures paralysent depuis des mois la vie de la population et plusieurs secteurs vitaux, tandis que les gérants de générateurs privés, qui prennent généralement le relais, rationnent aussi commerces, hôpitaux et foyers, à mesure que le carburant se raréfie.
Désormais, la facture moyenne mensuelle d’électricité pour une famille libanaise utilisant un générateur privé dépasse le salaire minimum de 675.000 livres libanaises — soit quelque 22 dollars–, la monnaie locale s’étant effondrée face au billet vert sur le marché noir.
Le Liban, dont la classe dirigeante est accusée de corruption et d’incompétence, souffre depuis des décennies d’une sous-production électrique endémique et d’une mauvaise gestion d’EDL ayant coûté au trésor plus de 40 milliards de dollars depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).
La communauté internationale réclame des réformes urgentes aux autorités, notamment pour l’EDL, symbole d’une mauvaise gouvernance et de la déliquescence des services publics du pays.
Le Liban a négocié à l’automne avec l’Egypte et la Jordanie l’acheminement de gaz et d’électricité via la Syrie, tandis que le mouvement chiite Hezbollah a annoncé plusieurs livraisons de fuel iranien pour pallier les pénuries.