L'innovation technologique, enjeu majeur du changement climatique (AIE)
Pour Maria van der Hoeven, directrice exécutive de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), le succès de la lutte contre le réchauffement climatique est étroitement lié à l’innovation technologique dans le domaine de l’énergie. C’est la conclusion d’un rapport publié lundi 3 mai, qui plaide en faveur de l’augmentation des dépenses de recherche dans les technologies de production d’énergie (et notamment d’électricité) décarbonée afin de limiter la hausse de la température à 2 degrés avant 2100.
« Le plus grand défi, et de loin, réside dans une transition massive vers la production d’électricité décarbonée. Le respect du scénario 2 degrés exige de réduire l’intensité moyenne des émissions de carbone liées à la production d’électricité dans le monde de plus de 90% », explique l’AIE dans son étude Energy Technology Perspectives 2015.
L’AIE estime que le soutien des pouvoirs publics envers les énergies décarbonées est un des moyens les plus efficaces pour permettre de limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici la fin du siècle. Un scénario qui va nécessiter de doubler l’actuel rythme de croissance de l’efficacité énergétique (passer de 1,1% à 2,3%).
C’est notamment dans les pays aux économies émergentes que l’effort doit être particulièrement soutenu. En effet, en raison du poids de plus en plus important des émergents dans l’économie mondiale, et de la forte croissance de la demande énergétique qui va de pair, la mise en place de procédés innovants dans ces pays pourrait être à l’origine de près de 75% de la baisse des émissions industrielles de gaz à effet de serre.
L’effort de subventionnement public devra néanmoins se faire conjointement avec le secteur privé : « les gouvernements ne seront pas en mesure à eux seuls d’assurer ce niveau d’investissement, il est donc indispensable de mobiliser les capitaux du secteur privé ». L’AIE cite notamment l’exemple de pays comme la Chine ou le Brésil, où les énergies renouvelables sont financées par le biais d’emprunts à bas coûts.
L’AIE affirme également qu’en même temps que le recours aux énergies carbonées (pétrole, gaz, charbon) devra être revu à la baisse, de manière à ce que les énergies renouvelables couvrent 50% de la demande d’énergie primaire au niveau mondial. Les énergies solaire et éolienne devront notamment assurer à elles seules 22% de la réduction annuelle des émissions de CO2 du secteur de la production d’électricité.
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