Longévité des réacteurs nucléaires: les aspects humains et climatiques pris en compte
L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui doit se prononcer sur le prolongement de la vie des réacteurs après 40 ans, a indiqué jeudi qu’elle allait se pencher plus spécifiquement sur les aspects humains et le changement climatique pour tenir compte des interrogations du public.
Une concertation ouverte au public a eu lieu entre septembre 2018 et mars 2019 sur les conditions de sûreté de la poursuite de l’exploitation des réacteurs nucléaires de 900 mégawatts par EDF au-delà de 40 ans. Il s’agit des réacteurs les plus anciens mais aussi les plus nombreux du parc français.
« L’intérêt de cette concertation (…) c’est de disposer des attentes et des préoccupations du public », a souligné Sylvie Cadet-Mercier, commissaire de l’ASN, lors d’une conférence de presse.
« Sur l’aspect facteurs organisationnels et humains, les interventions du public nous offrent un prisme différent de celui qui est classiquement examiné », a-t-elle relevé. « Là, le champ proposé par le public est beaucoup plus large: compétences, formation, sous-traitance… et donc c’est un champ qu’on va examiner de façon plus particulière », a-t-elle annoncé.
L’ASN prendra aussi plus spécifiquement en compte « l’impact du changement climatique ».
Le gendarme du nucléaire doit rendre en 2020 un avis « générique » (qui concerne tous les réacteurs de même type) sur la poursuite de leur fonctionnement après 40 ans.
Sont concernés les réacteurs de 900 MW, qui sont les plus anciens et les moins puissants du parc nucléaire français exploité par EDF. Ils sont 32 (outre les deux de Fessenheim qui doivent fermer l’an prochain) et situés dans les centrales du Blayais, de Bugey, Chinon, Cruas-Meysse, Dampierre, Gravelines, Saint-Laurent-des-eaux et du Tricastin.
La concertation, organisée par le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTISN), a attiré 1.300 participants au cours de seize réunions, en plus des contributions sur un site internet spécifique.
Les débats ont certes été marqués par une « écoute mutuelle » mais ils ont « attiré peu de néophytes », a regretté Jean-Claude Delalonde, président de l’ANCCLI (Association nationale des comités et commissions locales d’information).
Il a aussi relevé des critiques nombreuses sur « l’absence de débat sur l’opportunité du projet de prolongation du fonctionnement des réacteurs ».
jmi/cho/pn/bw
COMMENTAIRES
Il était temps que l’on prenne aussi en compte le changement climatique ! !
Il y a des années que des experts s’en préoccupent et considèrent qu’on ne peut éviter un réchauffement climatique catastrophique sans utiliser aussi l’énergie nucléaire.
http://ecologie-illusion.fr/transition-energetique-Allemagne-France-sortir-nucleaire-renouvelables-lignite.htm :
« Dans la majorité des scénarios de stabilisation à faible concentration de carbone (entre 450 et 500 ppm éqCO2 environ, niveaux pour lesquels il est au moins à peu près aussi probable qu’improbable que le réchauffement se limite à 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels), la part de l’approvisionnement en électricité sobre en carbone (ce qui comprend les énergies renouvelables, l’énergie nucléaire et le CSC, y compris la BECSC) augmente par rapport à la proportion actuelle d’environ 30 % à plus de 80 % en 2050 et à 90 % en 2100, et la production d’électricité à partir de combustibles fossiles sans CSC est presque entièrement abandonnée d’ici 2100 ». (GIEC – Changements climatiques 2014 Rapport de synthèse)
« L’électricité décarbonée est la clef de voûte de la transition énergétique. Le secteur électrique mondial peut parvenir à des émissions de CO2 nettes nulles d’ici 2060 dans le scénario 2DS, au moyen du déploiement à plus grande échelle d’un portefeuille de technologies propres et d’une production électrique issue à 74 % des renouvelables (dont 2 % de bioénergie durable avec CSC [BECSC]), à 15 % du nucléaire, à 7 % de centrales électriques alimentées par des combustibles fossiles et équipées de dispositifs CSC, le reste provenant de la combustion du gaz naturel ». (IEA – Energy Technology Perspectives 2017)