L’Union Européenne en route vers la neutralité carbone

La 25ème Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques s’est achevée dans la frustration et l’insatisfaction. Malgré les espoirs placés en elle, cette COP25 n’aura en effet pas permis de faire avancer de manière significative la lutte contre la hausse des températures.

Pire, certaines personnalités politiques ont même estimé que la communauté internationale ne semblait plus avoir de message fort en matière de transition écologique.

C’est dans ce climat que l’Union Européenne a tenté, à coup d’engagements ambitieux et symboliques, de raviver la flamme de la lutte contre le réchauffement climatique.

Réunis le jeudi 12 décembre à Bruxelles pour le dernier Conseil européen de l’année, les dirigeants de l’UE ont en effet annoncé un accord visant à faire de l’Europe le premier continent neutre en carbone d’ici la moitié du siècle.

Un accord ambitieux et symbolique

Contrairement à la journée de clôture de la COP25, où les débats n’ont finalement abouti à aucun accord à la hauteur des enjeux climatiques, l’UE n’a pas laissé les désaccords de ses États membres mettre à mal sa détermination. Le président du Conseil européen, Charles Michel, a en effet annoncé que l’Union Européenne s’était engagée à devenir neutre en carbone d’ici l’horizon 2050, et ce malgré l’absence d’un consensus (la Pologne ne s’est pas engagée).

L’objectif du dernier sommet européen de l’année 2019 était clair : pour son baptême du feu, le nouveau président du cénacle des dirigeants européens voulait décrocher un accord faisant de l’Europe le premier continent neutre sur le plan climatique. Un ordre du jour ambitieux mais hautement compliqué.

Avant même le début des débats, trois États membres (République Tchèque, Hongrie et Pologne) restaient en effet à convaincre de s’engager dans cette démarche. Encore dépendants des énergies fossiles, ces trois pays réclamaient en effet des garanties financières et des précisions sur les moyens à mettre en œuvre pour atteindre cette neutralité carbone.

L’importance du nucléaire dans la lutte contre le réchauffement climatique

La République Tchèque, la Hongrie et la Pologne ont notamment exigé des garanties sur le soutien financier des institutions européennes pour assurer sereinement leur transition énergétique. Ils pourront donc compter sur divers mécanismes de soutien mis en place par la Commission Européenne pour aider les « régions les plus vulnérables » (à hauteur de 100 milliards d’euros d’investissement).

Une autre question était également en suspens : quelle place donner à l’énergie nucléaire dans cet accord de neutralité carbone ? Si certains États membres y sont opposés, la mention du nucléaire dans les conclusions du sommet permettrait aux pays qui recourent à l’atome de prétendre à certaines aides à la transition énergétique.

Estimant que « sans énergie nucléaire, il n’y a pas d’économie européenne neutre en carbone », le premier ministre hongrois a fermement défendu l’intégration du nucléaire à l’accord. Une position soutenue par de nombreux États membres qui reconnaissent que le nucléaire est une ressource énergétique décarbonée (qui n’émet pas de gaz à effet de serre pour produire de l’électricité) et qu’elle peut à ce titre conduire à la réduction des émissions de CO2 de l’Europe.

Un engagement quasi-collectif pour une Europe décarbonée

« Chacun doit pouvoir bâtir sa transition à sa main », a estimé Emmanuel Macron, conscient que l’énergie nucléaire permet à la France d’avoir une des électricités la moins polluante et la moins chère du Vieux Continent.

C’est d’ailleurs cette position qu’a décidé de privilégier le Conseil Européen qui appelle donc « au respect du droit des États membres à décider de leur bouquet énergétique et à choisir les technologies les plus appropriées » pour atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050.

Si cette conclusion a permis de rallier la République Tchèque et la Hongrie, le troisième État récalcitrant n’a pour l’heure pas souhaité s’engager dans l’accord. La Pologne, qui est un des plus importants émetteurs de gaz à effet de serre d’Europe, craint en effet qu’une transition énergétique trop précipitée déstabilise son économie fragile. Varsovie a cependant décidé de ne pas bloquer l’adoption des conclusions du sommet.

Cette engament (quasi) collectif en faveur de la neutralité carbone est la pierre angulaire du fameux Pacte Vert introduit le mercredi 11 décembre par Ursula von der Leyen, la nouvelle présidente de la Commission Européenne.

Ce pacte a été pensé comme une véritable feuille de route comportant divers outils (législatifs, plans d’action…) qui permettront aux pays membres d’atteindre cet ambitieux objectif en temps et en heure.

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