Lyon : la lumière pour servir l’objectif du développement durable
Lyon accueille le salon Onlylight (un événement qui fédère tous les métiers de l’éclairage, toute la filière et les entreprises de toute taille, fabricants et distributeurs, depuis la lumière naturelle jusqu’aux solutions d’éclairage) du 13 au 15 juin à l’Eurexpo. Interview de Thierry Marsick, responsable de l’éclairage public de la ville de Lyon.
Éclairer la deuxième métropole de France, cela signifie quoi ?
Cela signifie énormément de choses dans le sens où Lyon, depuis son premier Plan lumière en 1989, a compris une chose : éclairer, c’est mettre en lumière, avec le souci particulier de mettre la lumière comme étant un outil du développement urbain et la valorisation d’un territoire. C’est également une attention de renouveler la lumière avec trois piliers : le lien entre la lumière et les activités humaines, l’intégration du processus de création à d’autres acteurs et enfin la préoccupation du développement durable.
Comment la ville de Lyon s’inscrit dans la transition énergétique en matière d’économie d’énergie via l’éclairage urbain ?
Quelques chiffres pour répondre à la question : en 1989, Lyon, c’est 35 gigawattheures avec 42 000 points lumineux. En 2001, c’est 41 gigawattheures avec 62 000 points lumineux et enfin, en 2015 c’est 30 gigawattheures pour 75 000 points lumineux. Nous avons donc clairement augmenté les sources de lumière (sans baisser la qualité de celle ci) tout en faisant baisser la consommation d’électricité. Pour faire des économies, nous avons notamment mené une politique de rénovation du patrimoine.
Et vous avez expérimenté, depuis une dizaine d’années, l’éclairage intelligent…
En effet ! Nous avons mis en place des pilotages à distance des abaissements de puissance, par exemple la nuit. Nous développons aussi l’éclairage à détection de présence. Il s’agit là d’un vrai gisement en terme d’économie d’énergie. Nous l’avons testé dans des jardins publics, sur des passerelles et dans plusieurs quartiers périphériques et résidentiels lyonnais. Résultat : pendant 90% du temps, la nuit, nous n’avons pas de détection de présence et par conséquent nous n’éclairons pour rien.
Dans un autre quartier, nous avons mis en place une détection « au tronçon » : on détecte les véhicules en entrée de rue en rehaussant le niveau d’éclairement, et lorsqu’ils en sortent, nous le réabaissons. Nous avons effectué tous ces tests avec un objectif économique, celui de trouver la meilleure solution à la fois pour satisfaire les besoins en terme de lumière et pour optimiser économiquement les investissements. Les détecteurs, c’est un coût et des probabilités de défaillance et de panne sur un réseau d’éclairage public. Plus nous mettons de détecteurs, plus nous avons des chances d’avoir des détecteurs en panne. Il faut donc trouver un équilibre. Et quand on est capable de distribuer la lumière quand on en a besoin, c’est donc se mettre en cohérence avec deux piliers de ce fameux Plan lumière : relier la lumière aux activités humaines, et servir l’objectif du développement durable.
Lyon tend-elle à devenir une Smart City ?
La ville de Lyon a cette volonté de s’inscrire dans cette dynamique pour une simple et bonne raison : jusqu’à présent, nous avons joué sur l’efficacité énergétique de la lanterne, et même s’il y a un progrès de la LED, on doit miser sur la temporalité qui sera source d’économie d’énergie. Selon moi, pour avoir une vraie Smart City, il doit y avoir une interaction entre lumière publique et lumière privée. Car l’éclairage urbain, c’est un bon dialogue entre éclairage public et éclairage privé. Le jour où on arrivera à faire communiquer ces lumières ensemble, on sera réellement dans une ville intelligente.