Marché de l’électricité : l’exception des cirques et fêtes foraines reconnue
Un fait récent a échappé aux commentateurs (de plus en plus nombreux et avisés) de l’actualité énergétique : La dérogation au sacro-saint principe de libre concurrence du marché de l’électricité accordée aux cirques et fêtes foraines.
Ces derniers pourront en effet prochainement, à titre encore expérimental, s’acquitter directement et simplement de leur fourniture d’électricité ainsi que des prestations de raccordement et dé-raccordement au moyen d’un forfait journalier versé à Enedis, et ceci dans chacune des communes où ils feront étape.
Peu de personnes avaient conscience du fait que depuis le 1er juillet 2007 (date de l’ouverture du marché de l’électricité aux particuliers et petits professionnels) les forains et professionnels du cirque se voyaient signifier dans chaque commune où ils s’installaient pour quelques jours, qu’ils devaient contracter une nouvelle prestation de « branchement provisoire » (vocable abscons réservé aux demandes de raccordement à durée limitée et affranchies des documents d’urbanisme usuels) ceci après avoir établi un nouveau contrat de fourniture avec le « fournisseur de leur choix ».
Sagesse
« La liste des fournisseurs est disponible sur le site de la CRE », était-il recommandé d’ajouter pour apaiser les professionnels découvrant la chose… Sans ces formalités pas de branchement, donc pas de courant, donc pas de fête…
Depuis cette date, l’incompréhension des professionnels du spectacle, les relations tendues avec les municipalités et les techniciens d’Enedis (ERDF à l’époque), les « systèmes D » en tous genres ont souvent émaillé la vie des communes, grandes et petites, à l’arrivée des cirques et fêtes foraines.
Des conséquences graves en termes de sécurité électrique ont fort heureusement toujours été évitées.
Il faut donc rendre hommage à l’administration d’avoir reconnu avec sagesse bien que tardivement, au moyen de la délibération de la CRE du 23 mai 2019 (modifiée par la délibération du 22 juin 2019), les spécificités des « professions foraines et circassiennes » (l’expression réjouit tous les nostalgiques de l’âge d’or des sous-préfectures dont je fais partie) « caractérisées par une forte mobilité et des séjours de courte durée sur les emplacements devant être alimentés en électricité ».
Pragmatisme
Il est à noter que cette nouvelle disposition n’a soulevé aucune protestation de la part des fournisseurs en concurrence, ce qui tendrait à prouver que la conquête du marché des professionnels forains et circassiens ne figurait pas parmi leurs objectifs stratégiques.
Pragmatisme, bon sens, écoute du terrain ont visiblement inspiré cette décision. Force est de constater que ce ne fût pas toujours le cas dans la riche histoire de l’ouverture française des marchés de l’énergie qui, d’ailleurs, devrait fêter bientôt ses 20 ans.
