Maxatomstrom ou les prémices d’un renouveau allemand du nucléaire ?
La société Maxatomstrom a lancé officiellement le lundi 1er décembre un tout nouveau contrat d’approvisionnement électrique 100 % nucléaire censé permettre à chacun de réduire son empreinte carbone. Annoncé à l’occasion de l’ouverture de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques organisée à Lima, au Pérou, la société allemande espère ainsi redynamiser le nucléaire en Allemagne et stopper la progression constante des énergies fossiles depuis 2011 et qui engendrent aujourd’hui des niveaux records d’émissions. Un avis qui semble partagé par de nombreux Allemands puisque selon la presse d’outre-Rhin, dès la première semaine de sa commercialisation, quelques 3.000 clients ont souscrit à ce contrat.
Si l’Allemagne a souhaité suite à la catastrophe japonaise de Fukushima, se désengager progressivement de l’énergie nucléaire, ce changement de cap dans sa politique énergétique n’aura pas été sans incidence et entraîne depuis 2011 une augmentation sans précédent des émissions de gaz à effet de serre.
Une politique ouvertement critiquée par le fournisseur Maxatomstrom qui propose aujourd’hui de réhabiliter le nucléaire en Allemagne et de lui laisser toute sa place dans la transition énergétique en tant qu’énergie décarbonée. Comme le précise Lan Pflug, porte-parole de la société, « les émissions mondiales sont en hausse, malgré toutes les conférences climatiques tenues par l’ONU. Pays souvent cité en exemple, l’Allemagne constitue un cas d’espèce : actuellement, huit centrales au charbon sont en cours de construction ou en voie de création à l’échelle nationale. La production d’électricité à partir de lignite est à son plus haut niveau depuis la réunification de l’Allemagne […] et le charbon a largement profité de la réduction graduelle du nucléaire. Malgré toutes les affirmations contraires, nous ne pouvons pas nous contenter d’abandonner le charbon et le nucléaire en même temps« .
Dans ce cadre, la société propose alors un tout nouveau contrat 100 % énergie nucléaire couvrant uniquement la production nucléaire et permettant à chaque souscripteur de réduire son empreinte carbone de deux tonnes par an à seulement 0,02 tonne.
Mais plus surprenant encore, il s’avère que la démarche de Maxatomstrom en faveur d’un retour du nucléaire est loin d’être décriée par l’ensemble des verts allemands, et bénéficie même du soutien de nombreux scientifiques et écologistes tels que Stephen Tindale (ancien directeur de Greenpeace Royaume-Uni), Barry Brook (climatologue australien), James Lovelock (auteur de l’Hypothèse Gaïa), ou le baron Smith de Finsbury (ancien président de l’Agence britannique de l’environnement).
Patrick Moore par exemple, cofondateur de Greenpeace, estime en effet que l’énergie nucléaire devrait jouer un rôle important pour réduire le recours aux énergies fossiles. « Il ne fait aucun doute que l’énergie nucléaire est la source d’énergie la plus efficace et rentable pour réduire l’utilisation de combustibles fossiles« , souligne-t-il.
De nombreux opposants à l’énergie nucléaire admettent qu’elle est indispensable comme énergie de transition et qu’un désengagement trop rapide aurait des effets catastrophiques sur le climat et l’environnement. Selon une étude de Öko-Institut e.V., un institut de recherche environnemental, la production nucléaire générerait trois fois moins de CO2 que l’énergie solaire (les procédés de fabrication et de recyclage des panneaux solaires posent encore problème) et trente fois moins que le charbon.
Crédits photo : Algérie Focus
COMMENTAIRES
Un coup de publicité d’une société qui achète de l’électricité nucléaire comme d’autres achètent de l’électricité hydraulique sans faire le beurre des médias.
L’Allemagne a faiblement augmenté sa production d’électricité à base de charbon, moins coûteuse que celle à base de gaz qui a diminué d’autant.
Car les statistiques sont très claires : http://energeia.voila.net/electri2/allemagne_nucle_charbon.htm
On constate que les centrales au charbon dont la construction se termine ont toutes été décidées avant 2008. Cela n’a donc aucun lien avec l’arrêt de réacteurs nucléaires en 2011.
D’autant plus que de nombreux projets de centrales au charbon ont été abandonnés et que les nouvelles vont remplacer des centrales plus anciennes et moins performantes : plus d’électricité avec moins de charbon.
La quantité d’électricité produite à base de lignite était de 171 TWh en 1990 et de 161 TWh en 2013, donc moins qu’il y a 23-24 ans, malgré une augmentation provisoire pour remplacer le gaz.
Enfin un peu de bon sens!
Le meilleur moyen de produire de l’électricité sans CO2 ou presque, ce n’est pas le nucléaire mais les énergies renouvelables.
Celles-ci sont d’une réalisation plus rapide pour un moindre coût. D’ailleurs, alors que les énergies renouvelables produisaient 8% d’électricité de plus que le nucléaire en 2001, elle produisent maintenant 90% d’électricité de plus que le nucléaire.
http://energeia.voila.net/electri/co2_ges_nucle_renouv.htm
Aussi, une simple comparaison entre le tarif d’achat futur de l’électricité nucléaire britanique (114 €/MWh en monnaie 2013) avec le tarif d’achat de l’électricité photovoltaïque des nouvelles centrales allemandes (87 €/MWh fin 2014) est déjà instructive.
Dans d’autres pays, comme le Brésil, les appels d’offres montrent que l’éolien et le solaire sont les moins cher pour la production d’électricité.
En 2050, selon l’Agence internationale de l’énergie, le solaire pourrait être la première source de production d’électricité dans le monde, plus que le charbon, le gaz ou le pétrole, le nucléaire étant bon dernier.
Maintenant, ce serait mieux d’éviter la simple reproduction des communiqués de presse et de faire un véritable travail d’investigation journalistique.
Faut-il que ce soient les lecteurs qui fassent ce travail ?