Le fonds Meridiam rentre dans un projet géant de stockage d’électricité en Guyane
Le fonds d’investissement français Meridiam a pris une participation dans un projet en Guyane de centrale solaire couplée à une importante capacité de stockage d’électricité via l’hydrogène, qui serait le plus gros de ce type au monde, ont annoncé les partenaires mercredi.
Meridiam, qui est spécialisé dans les infrastructures, a acquis 60% du projet Centrale électrique de l’ouest guyanais (CEOG) développé par la société française HDF Energy, afin de participer à son financement et son développement.
« On a choisi volontairement Meridiam » parce que leur « expérience dans l’accompagnement de projets nous a particulièrement plu », a expliqué à des journalistes le PDG de HDF Energy, Damien Havard.
La centrale solaire, d’une capacité de 55 mégawatts, doit être installée sur la commune de Mana, près de Saint-Laurent du Maroni, au nord de la Guyane, un territoire français où l’électricité est encore assurée pour près de moitié par les énergies fossiles comme le fioul.
L’innovation majeure, développée par l’entreprise girondine, est d’associer à cette centrale un stockage de courant à base d’hydrogène d’une taille (140 mégawattheures (MWh)) qui sera une première mondiale pour cette technologie, complété par un stockage d’appoint par batteries.
L’hydrogène est produit par électrolyse de l’eau grâce au courant produit par la centrale et qui n’est pas envoyé sur le réseau. Il peut ensuite de nouveau être transformé en électricité en cas de besoin, par exemple la nuit, lorsqu’il n’y a plus de soleil pour alimenter la centrale.
L’hydrogène permet de stocker du courant sur une plus longue période que les batteries lithium-ion. Actuellement, le stockage de batteries le plus important est celui installé par l’américain Tesla en Australie, d’une capacité de près de 130 MWh.
La CEOG, qui nécessite un investissement de 90 millions d’euros, doit permettre d’alimenter 10.000 foyers guyanais à partir de l’automne 2020, si le projet ne connaît pas de retard.
« C’est une centrale électrique qui a les mêmes performances qu’une centrale classique thermique… sauf qu’elle n’émet pas de gaz à effet de serre, pas de pollution particulière, n’a pas besoin de logistique d’approvisionnement en carburant ou en combustible et elle est moins chère », a souligné Sylvain Charrier, directeur du développement outre-mer de HDF.
« On est moins cher sur les zones non interconnectées où l’énergie est nécessairement très chère », a-t-il précisé.
Selon son promoteur, CEOG – qui fonctionnera sans subvention – sera ainsi légèrement au-dessus du coût moyen de l’électricité en Guyane (243 euros le MWh) mais 20% à 30% moins cher que l’actuel coût de production dans l’ouest guyanais. Le coût des groupes électrogènes locaux tourne en effet plutôt autour des 350 euros par MWh.
Par ailleurs, le chantier représentera une centaine d’emplois et l’exploitation de la centrale assurera une trentaine d’emplois locaux. HDF promet de faire de gros efforts de formation pour ces employés.
Pour l’heure, la société s’apprête à déposer un dossier d’Autorisation environnementale unique afin d’obtenir le feu vert des autorités.
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