Merkel: pas de gazoduc russo-allemand sans un rôle pour Kiev dans le transit gazier
La chancelière Angela Merkel a averti mardi que le projet de gazoduc sous-marin russo-allemand Nord Stream 2 n’était « pas possible » sans préciser le rôle de l’Ukraine dans le transit terrestre du gaz russe vers l’Europe.
« Il n’est pas possible que l’Ukraine n’ait aucune importance dans le transit du gaz à cause de Nord Stream 2 », a insisté la chancelière lors d’une conférence de presse conjointe avec le président ukrainien Petro Porochenko.
Ce gazoduc, critiqué par certains au sein de l’Union européenne et par Kiev, doit permettre à davantage de gaz russe d’arriver directement en Allemagne, via la mer Baltique, contournant donc l’Ukraine qui serait privée des droits de transit payés par Moscou, une manne financière importante.
Dans un entretien au quotidien allemand Handelsblatt, M. Porochenko avait demandé l’abandon de ce projet piloté par le géant russe Gazprom et auquel l’Allemagne est étroitement associé, accusant la Russie de vouloir imposer un « blocus économique et énergétique » contre l’Ukraine. Un premier gazoduc, Nord Stream 1, est déjà en service.
« Un projet sans clarté sur le rôle de l’Ukraine dans le transit n’est pas possible », a estimé Mme Merkel, ajoutant qu’il y « a aussi des facteurs politiques à prendre en considération ».
L’Allemagne a longtemps défendu Nord Stream 2 comme un projet purement « commercial » et avait levé fin mars les derniers obstacles à la construction et à l’exploitation dans ses eaux du gazoduc russe.
L’annonce inattendue de la chancelière laisse présager un nouveau contentieux avec Moscou, alors que les tensions russo-occidentales n’ont cessé de croître ces dernières années notamment en raison du conflit dans l’Est de l’Ukraine opposant séparatistes pro-russes et Kiev.
ys/alf/pan