Le Mexique retarde une réforme qui suscite l’inquiétude des Etats-Unis
Le Mexique a annoncé jeudi qu’il allait poursuivre jusqu’à mi-avril les consultations sur une réforme controversée de l’énergie, quelques heures après que les Etats-Unis ont exprimé de « sérieuses préoccupations » sur ce projet-phare du président de gauche.
Cette réforme prévoit de garantir 54% des parts du marché mexicain à l’entreprise publique Commission fédérale d’électricité (CFE). Elle devait initialement être examinée et adoptée fin 2021-début 2022.
« J’ai exprimé les sérieuses préoccupations des Etats-Unis », a déclaré mercredi sur Twitter le nouvel ambassadeur américain à Mexico, Ken Salazar, après d' »importantes réunions » avec le gouvernement mexicain « pour parler de la réforme de l’énergie ».
« Nous nous engageons à poursuivre le dialogue sur ce dossier sensible lors des prochains jours », a ajouté l’ambassadeur nommé par Joe Biden.
Les Etats-Unis et le Canada s’inquiètent des conséquences de la réforme sur les investissements privés au Mexique, dans le cadre de l’accord de libre-échange qui lie les trois pays.
De retour de la COP26 à Glasgow, le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, a annoncé jeudi qu’il rencontrerait à son tour l’ambassadeur américain pour « qu’il sache clairement ce qu’est la réforme, et ce qu’elle n’est pas ».
Dans une lettre à l’ambassadeur américain, plusieurs membres du Congrès à Washington ont estimé que la réforme allait discriminer les entreprises américaines de l’énergie installés au Mexique.
Envoyée au Congrès (Parlement) le 1er octobre dernier, la réforme prévoit également le monopole d’Etat sur l’exploitation du lithium.
Le Mexique entend désormais conclure la réforme de l’énergie « au plus tard le 15 avril », a indiqué le coordinateur du parti Morena au pouvoir à la chambre des députés, Ignacio Mier.
Majoritaire au Parlement, le parti du président Andres Manuel Lopez Obrador a cependant besoin d’une majorité des deux-tiers pour l’adoption de cette réforme d’ordre constitutionnel.
L’exécutif a besoin du soutien d’une partie de l’opposition, notamment le PRI qui a exercé le pouvoir pendant 70 ans jusqu’en 2000.
Elu en 2018 pour un mandat unique de six ans, M. Lopez Obrador prétend rompre avec le « néo-libéralisme » et renforcer le rôle de l’Etat.