Mix énergétique: et pourquoi pas le bois?
On en parle peu, mais la France est la première puissance européenne en matière de volume de bois sur pied. Cependant, elle est pratiquement la dernière en termes de consommation de bois par habitant. Pourtant, le bois, matériau renouvelable par excellence, dispose d’importants avantages environnementaux car l’utiliser contribue largement à la diminution des gaz à effet de serre grâce à ses capacités à fixer le CO2, à raison d’une tonne pour un mètre cube de bois consommé. Flam’Expo, le premier salon consacré au chauffage au bois ouvre ses portes demain à Lyon. La filière bois est souvent la grande oubliée des discussions concernant le mix énergétique. Seulement 7 millions de foyers français se chauffent au bois mais le bois permet de réduire la facture d’un chauffage électrique par exemple de près de 40%. Pourquoi si peu de « publicité » autour de cette énergie? Le bois énergie est accusé de jouer un rôle dans la pollution de l’air : les fumées peuvent être chargées de particules et de dioxine. En effet, cela arrive lorsque le bois utilisé n’est pas assez sec. Certaines grandes surfaces vendent des buches de bois à des prix très faibles mais les buches sont souvent gorgées d’eau, difficiles à allumer et la combustion souille le conduit de cheminée avant d’envoyer des particules polluantes dans l’air. Cependant, bien utilisé, le bois possède des avantages indéniables:- C’est une ressource renouvelable (bien sûr, à condition de ne pas être surexploité). Là où un litre de pétrole brut utilisé mettra plusieurs millions d’année à se reconstituer, les bois durs, eux, se régénèreront en 100 ans environ en zone tempérée et en 200 à 700 ans en zone tropicale. – C’est un puits de carbone, à condition de gérer efficacement les forêts. Le bois est en effet une des alternatives pour absorber une partie du dioxyde de carbone. – C’est un matériau peu énergivore pour la construction. Le bois consomme peu d’énergie fossile pour sa production, comparativement, par exemple, au ciment ou à l’acier qui nécessitent une extraction minière et beaucoup d’énergies fossiles. Le secteur forêt-bois en France mérite qu’on s’y intéresse. En France, il représente plus, en termes d’emplois, que le secteur de l’automobile dans son ensemble : 550 000 emplois pour 100 000 entreprises essentiellement réparties en milieu rural. Bien sûr, des incertitudes et controverses subsistent quant à la capacité des forêts cultivées à remplacer les fonctions écologiques des forêts primaires, quant à la définition des critères et seuils de renouvelabilité et de soutenabilité des exploitations de bois et quant à la fiabilité de la traçabilité des bois. Mais pour de bien nombreuses raisons, le bois mérite une place plus importante dans notre mix énergétique. La région Île-de-France l’a bien compris. Ainsi, pour réduire la consommation énergétique du château de Versailles,elle a lancé une étude de faisabilité pour une chaufferie au bois qui pourrait alimenter les 93 bâtiments chauffés du domaine.