Mobilité électrique et biocarburants : à quoi joue le groupe Volkswagen ?
Si le groupe automobile Volkswagen prévoit d’augmenter de manière significative d’ici à 2020 son offre de véhicules électriques pour faire oublier le récent scandale du Dieselgate, ce repositionnement stratégique cacherait en réalité de toutes autres ambitions. Le constructeur allemand serait en privé un des commanditaires d’une grande étude destinée à plomber la mobilité électrique au profit des biocarburants.
Une récente étude publiée le mercredi 27 avril dernier par le cabinet de conseil Roland Berger pour le compte de la Coalition européenne des carburants automobiles dont les groupes Volkswagen et Shell font partie, fait la promotion d’une plus grande utilisation des biocarburants. Pour justifier les visées d’un tel rapport, les représentants de Volkswagen et du pétrolier Shell ont tenu la semaine dernière une conférence de presse à Bruxelles.
Cité par le journal britannique The Guardian et relayé par le site Breezcar, Ulrich Eichhorn, le nouveau directeur de la branche R&D du groupe VW, a estimé à cette occasion que les hybrides rechargeables avaient toute leur place sur le marché des véhicules à faibles émissions, et que les biocarburants (dont le Super Ethanol E85) devaient voir leur part de marché augmenter.
« Les hybrides et les véhicules plus efficaces sont importants pour l’avenir, mais en attendant la transformation du secteur, il faudra augmenter les parts des biocarburants« , assure Ulrich Eichhorn. « D’ici à 2020, les moteurs modernes au diesel et au gaz naturel seront absolument nécessaires au respect des objectifs d’émissions de CO2 et contribueront également à la poursuite des réductions après cette date« , a-t-il ajouté prétextant la nécessité de minimiser les coûts sociaux et de soutenir la compétitivité et la vigueur industrielle des constructeurs automobiles.
Selon le site EurActiv, les propositions des deux géants auraient surtout pour objectif de mettre fin à toute nouvelle action réglementaire sur les émissions de voitures dans la prochaine décennies et de promouvoir les biocarburants, récemment mis en causse dans une autre étude pour leur caractère polluant.
Autre incohérence, le rapport met en avant le manque d’intérêt des consommateurs pour les véhicules électriques et les freins au développement de cette technologie (infrastructure de recharge trop coûteuse, prix d’achat plus élevé que leurs équivalents thermiques, ect.), alors même que ce marché n’a jamais été aussi dynamique. Une position qui jure avec les récentes déclarations publiques du PDG Matthias Müller, pour qui la voiture électrique est bien la nouvelle ligne directrice du groupe allemand.