Nickel: Après Tesla, la Nouvelle-Calédonie veut fournir les batteries européennes
Prony Resources (PRNC), la société qui vient d’annoncer un mega-contrat avec Tesla après avoir repris au printemps les mines calédoniennes de nickel du groupe brésilien Vale, souhaite aussi « alimenter la filière européenne des batteries », a indiqué son PDG Antonin Beurrier.
« L’accord signé avec Tesla fera du constructeur automobile américain notre premier client et de loin » a déclaré M. Beurrier lors d’un entretien téléphonique avec l’AFP dans le cadre d’une tournée de présentation de ses activités en Europe, « mais nous avons encore de la place pour la filière européenne des batteries, qui cherche à augmenter son indépendance stratégique ».
« Le changement d’actionnaire annoncé le 31 mars 2021 a permis un changement de stratégie industrielle, et de nous concentrer sur un nickel hydroxyde cake, NHC, un produit intermédiaire destiné aux batteries automobiles notamment » a-t-il dit.
Grâce à un contrat pluriannuel de 5 à 7 ans, Prony va fournir quelque 42.000 tonnes de ce nickel à Tesla, ce qui doit permettre de produire quelque 200.000 batteries pour des voitures électriques.
Ce nouveau produit, qui fournira les unités de production de Tesla en Asie, est à la fois moins raffiné et plus cher que l’oxyde de nickel sur lequel le groupe se concentrait auparavant.
Depuis cinq mois, Prony a retrouvé une exploitation positive de ses activités, grâce à la baisse de 30% de ses coûts de raffinage (le groupe a fermé une de ses usines) et à la hausse des prix mondiaux du nickel et du cobalt, très recherchés pour la transition énergétique.
Prony Resources entend désormais produire un « nickel vert » et vise une empreinte carbone zéro en 2040, grâce notamment à des investissements dans l’énergie photovoltaïque et en capacité de stockage, qui pourraient être annoncés « d’ici la fin 2021 », a indiqué M. Beurrier.
Au terme de la délicate recomposition du capital, et de l’équilibre industriel, financier et social négocié pendant de longs mois, Prony est désormais détenu à 51% par des acteurs locaux néocaledoniens (30% aux trois provinces, 12% aux salariés et 9% à un fonds local représentant les populations océaniennes et kanaks). 19% appartiennent au négociant de matières premières Trafigura basé à Singapour et Genève, et 30% à la compagnie financière de Prony, montée avec le management et le fonds d’investissement Agio appartenant à Trafigura.
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