Nicolas Hulot jette l’éponge
Stupéfaction ce mardi matin dans les studios de France Inter. Sans avoir prévenu au préalable ni Emmanuel Macron ni Edouard Philippe (ni ses collaborateurs), Nicolas Hulot a annoncé qu’il quittait le gouvernement, au micro du matinalier Nicolas Demorand.
« Je prends la décision de quitter le gouvernement », a déclaré le ministre Transition écologique, après avoir confié qu’il se sentait « tout seul à la manoeuvre » sur les enjeux environnementaux au sein du gouvernement.
Nicolas Hulot a précisé qu’il n’avait prévenu ni le chef de l’Etat ni le premier ministre par crainte qu’ils ne le convainquent de rester en fonction.
« C’est une décision d’honnêteté et de responsabilité », a-t-il déclaré.
« Le premier ministre, le président de la République ont été pendant ces 14 mois à mon égard d’une affection, d’une loyauté et d’une fidélité à toute épreuve », a confié le ministre, mais malgré cela, le gouvernement n’a pas su donner la priorité aux enjeux environnementaux, a-t-il plaidé, estimant n’avoir pu obtenir que des « petits pas ».
Nommé pour la première fois ministre en mai 2017, après avoir renoncé à une candidature à la présidentielle un an plus tôt, l’ancien journaliste avait dû avaler bien des décisions contraires à ses convictions, au delà de certaines victoires symboliques comme l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Le ministre démissionnaire peut être « fier de son bilan » au ministère de la Transition écologique, a commenté l’Elysée. « La détermination reste totale pour poursuivre dans la même direction et avec le même niveau d’ambition », a-t-on ajouté de même source.
Les réactions
Du côté des politiques, les réactions ne se sont pas faites attendre. Le président des Républicains (LR) Laurent Wauquiez a dit « comprendre qu’il se sente trahi comme aujourd’hui pas mal de Français par des promesses fortes qui avaient été faites, et le sentiment à l’arrivée que ce n’est pas très tenu ».
Pour le chef de file des Insoumis à l’Assemblée Jean-Luc Mélenchon, ce départ sonne « comme un vote de censure contre Macron », et « la macronie commence sa décomposition, tandis que l’ex candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon y voit « un appel au réveil des consciences global pour engager la transformation de notre modèle de développement ».
Chez les écologistes d’EELV, Yannick Jadot a estimé que son départ était « la conséquence de l’absence de politique écologique de ce gouvernement ».
COMMENTAIRES
Tres triste, quel gâchis. Un homme qui voulait réussir un challenge beaucoup trop ambitieux. Faire la synthèse entre le néo-libéralisme et la protection de l’environnement. Certes il avait les qualités pour réussir l’impossible, mais en homme honnête, il a compris que la barre était trop haute et son émotion, très visible et très compréhensible, en témoignait : le rêve de sa vie qui est aussi celui d’une majorité de français, pourtant assez mal informés de la gravité de la situation, s’achevait en se fracassant sous les coups de boutoir des intérêts financiers immédiats. Alors maintenant, l’ultra-libéralisme triomphant ? Pas sûr, il y a à gauche évidemment mais aussi à droite des républicains authentiques qui commencent à s’impatienter, pour ne pas dire à s’agacer très sérieusement. Rappelez-moi qui a dit « la politique de la France ne se décide pas à la corbeille ! ». Je suis de ceux qui pensent que l’avenir des hommes passent par eux-mêmes (rien d’autre donc qu’un amoureux de la République), et pas que par des soit-disant élites serviteurs zélés des puissances financières et vivant hors-sol. Le jour où on va se fâcher pour de bon, ça fera sans doute très mal.