Les non-restitutions des bouteilles de gaz « ont un impact sécuritaire et environnemental »
Dans cet entretien au Monde de l’Énergie, David Kling, directeur commercial retail d’Antargaz, revient sur la place des bouteilles de gaz dans la politique et la transition énergétique de la France.
Le Monde de l’Énergie —Comment sont utilisées aujourd’hui les bouteilles de gaz en France ?
David Kling —Les bouteilles de gaz répondent aux besoins des particuliers et des professionnels. Aujourd’hui 68 millions de bouteilles sont en circulation et plus de 10 millions de foyers en France utilisent les bouteilles de gaz, principalement pour la cuisson traditionnelle mais elles servent également à l’alimentation des barbecues, des chauffages d’appoint, des appareils de bricolage ou de soudure. Les usages professionnels sont également multiples, elles sont utilisées notamment pour les travaux d’étanchéité, les chariots-élévateurs ou encore le désherbage thermique. Les bouteilles de gaz peuvent contenir du butane qui est à privilégier pour un usage en intérieur ou du propane (ou biopropane) qui doit être quant à lui stocké exclusivement à l’extérieur. Antargaz dispose de plus de 15 000 points de vente partout en France distribuant ses bouteilles de gaz, dont plus de 1 700 distributeurs automatiques en accès 24h/24 et 7j/7.
Le Monde de l’Énergie —Quelles sont les perspectives d’avenir pour ce cas d’usage du gaz fossile dans une optique de transition énergétique ?
David Kling —Antargaz accompagne les Français dans la décarbonation de leurs usages énergétiques. Nous souhaitons encourager la diffusion des gaz renouvelables pour contribuer à la réduction des émissions de Co2. C’est la raison pour laquelle, nous proposons la bouteille de gaz Elfi biopropane. Le biopropane est issue de la biomasse, il est créé à partir de ressources renouvelables comme des huiles usagées ou des huiles végétales. La combustion du propane et du biopropane est exactement la même mais le biopropane va permettre de réduire de 73% les émissions de CO2 par rapport à du propane classique et il ne rejette aucune particule fine dans l’air.
Le Monde de l’Énergie —Comment fonctionne le cycle de consigne de ces bouteilles ? Est-il correctement respecté aujourd’hui ?
David Kling —Lors de l’achat d’une nouvelle bouteille de gaz, le consommateur doit verser un dépôt de garantie appelé consignation. En échange, le revendeur remet au client un bulletin de consignation sur lequel apparaît le type de bouteilles, la date d’achat et le montant de sa consigne qui lui sera intégralement reversé lorsqu’il décidera de rapporter définitivement sa bouteille de gaz en présentant son bulletin de consignation original.
Nous encourageons nos clients après achat à enregistrer leur bulletin de consignation en ligne afin qu’il puisse bénéficier du remboursement de leur consigne si jamais ils égarent leur bulletin.
Pour les clients qui ont égaré leur bulletin, nous leur proposons de télécharger un bulletin de restitution afin qu’ils puissent profiter d’un remboursement forfaitaire.
Nos revendeurs ont l’obligation de reprendre les bouteilles de gaz et nous menons des campagnes de sensibilisation pour encourager cette pratique responsable. Le Décret n° 2016-836 du 24 juin 2016 précise les modalités de consigne ou de système de reprise équivalent des bouteilles de gaz destinées à un usage individuel et à la gestion des déchets de bouteilles de gaz
Le Monde de l’Énergie —Quels problèmes posent les non-restitutions ? Comment lutter contre ce phénomène ?
David Kling —Ces non-restitutions ont un impact sécuritaire et environnemental. Chaque année des milliers de bouteilles de gaz, qui ne sont plus utilisées, sont stockées chez les particuliers ou entreposées dans les dépôts des entreprises. Le stockage des bouteilles de gaz même vides répond à des normes de sécurité qu’il est essentiel de préserver pour la sécurité de tous.
C’est la raison pour laquelle Antargaz et la Fédération nationale des sapeurs-pompiers (FNSP) ont lancé des actions de prévention afin d’inciter les Français à rapporter les bouteilles de gaz qu’ils n’utilisent plus chez un revendeur pour faciliter le travail des sapeurs-pompiers en rendant leurs interventions plus sûres.
Par ailleurs, les bouteilles de gaz ont une durée de vie de près de 40 ans, il est donc primordial de les rapporter afin qu’elles puissent être remises dans le circuit de distribution pour être reconditionnées ou recyclées au terme de leur utilisation. Sur l’ensemble des bouteilles consignées, seuls 10% des bouteilles sont rapportées. Antargaz veut limiter la production de contenants neufs pour soutenir l’économie circulaire et se fixe l’objectif de réintégrer 99% de ses bouteilles dans le circuit de distribution d’ici 2030.
Le Monde de l’Énergie —Plus globalement, comment est gérée la fin de vie de ces bouteilles ?
David Kling —Nous travaillons, localement, à l’échelle des centres d’emplissage, avec des sociétés de traitement des déchets qui récupèrent l’ensemble de ceux-ci, recyclables ou non. L’acier des bouteilles est effectivement recyclé et bien sûr valorisé pour encourager l’économie circulaire. Nous avons plusieurs centres d’emplissage en France, dont 1 en Corse.
