Norvège: le secteur pétrolier, Equinor en tête, vise « près de zéro » émission en 2050
Le secteur pétrolier norvégien, avec le géant Equinor en tête, a annoncé lundi son ambition de réduire à « près de zéro » ses émissions de CO2 en Norvège en 2050, sans totalement combler les défenseurs de l’environnement.
La mesure porte sur la seule phase de production de pétrole et de gaz naturel dont le gros des émissions de gaz à effet de serre survient ultérieurement, au stade de la consommation.
« Les changements climatiques sont le plus gros défi de notre temps », a fait valoir Hildegunn Blindheim, une dirigeante de Norsk olje og gass, l’organisation représentant les producteurs d’hydrocarbures.
« Le monde doit s’acheminer vers zéro émission nette au milieu de ce siècle et nous devons donc, en tant qu’industrie, (…) faire notre part », a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Le lobby a dévoilé une feuille de route, adoptée avec les principales organisations patronales et syndicales, qui prévoit aussi de réduire les émissions de 40% en 2030 par rapport à 2005.
Ce calendrier est semblable à celui annoncé quelques heures plus tôt par Equinor, poids lourd du plateau continental norvégien qui se dit attaché à l’Accord de Paris visant à limiter le réchauffement à 1,5 ou 2°C avant la fin du siècle.
Le groupe détenu à 67% par l’Etat norvégien envisage de consacrer avec ses partenaires environ 50 milliards de couronnes (5 milliards d’euros) à cette fin d’ici 2030.
Il ambitionne notamment d’électrifier ses plateformes en mer et installations à terre, appelées à être approvisionnées en électricité propre fournie par les barrages hydrauliques ou des éoliennes flottantes plutôt que par les actuelles turbines à gaz polluantes.
L’engagement climatique du secteur pétrolier a été diversement accueilli par les experts et les défenseurs de l’environnement.
« C’est bien que l’industrie pétro-gazière norvégienne soit au moins aussi ambitieuse que les objectifs climatiques du gouvernement », a réagi Glen Peters, directeur de recherche au centre norvégien de recherche sur le climat Cicero.
« Si tous les secteurs en Norvège font la même chose que le secteur pétrolier, la Norvège sera sur les rails pour remplir les objectifs de l’Accord de Paris », a-t-il dit à la radiotélévision publique NRK.
Pour Andreas Randøy de l’ONG de défense de l’environnement Natur og Ungdom, c’est en revanche « trop peu trop tard ». « En 2050, on ne devrait pas avoir de production de pétrole sur le plateau continental norvégien », a-t-il tweeté.
Une responsable de la branche norvégienne des Amis de la Terre, Helga Lerkelund, a aussi déploré qu’Equinor au même moment veuille engager des forages dans la grande baie d’Australie, où des incendies ont ravagé près de huit millions d’hectares et fait 24 morts depuis septembre.
Plus gros producteur d’hydrocarbures d’Europe de l’Ouest, la Norvège peine pour l’heure à réduire ses émissions: en 2018, celles-ci étaient supérieures de 1,1% à leur niveau de 1990.
Si moins de la moitié des réserves estimées du pays ont à ce jour été produites selon la Direction norvégienne du pétrole, Equinor dit s’attendre à ce que la Norvège en 2050 produise moitié moins d’hydrocarbures qu’aujourd’hui.
phy/oaa
COMMENTAIRES
Pour la Norvège qui produit de l’électricité très peu « carbonée » (<40 g/kW.h), électrifier, c'est bien.
Mais pour les pays comme la Pologne, la Tchéquie, la Serbie, les Pays bas, la Bosnie, le Monténégro…(qui sont à plus de 400 g/kW.h), mieux vaut utiliser le gaz…