La Norvège veut accroître les taxes sur les producteurs d’électricité et l’aquaculture
Le gouvernement norvégien a proposé mercredi d’accroître les taxes sur les producteurs d’électricité et le secteur de l’aquaculture, ce qui lui permettrait de lever environ 3,2 milliards d’euros de rentrées fiscales supplémentaires par an, au grand dam des entreprises concernées.
« Les producteurs d’énergie et le secteur de l’aquaculture gagnent des milliards de couronnes grâce à nos ressources communes. Le gouvernement propose aujourd’hui qu’une part accrue de la valeur créée revienne à la société », a souligné le ministère des Finances dans un communiqué.
Le projet prévoit une nouvelle taxe sur les rentes de ressources pour les fermes aquacoles et les producteurs d’énergie éolienne -qui utilisent des espaces publics pour leur exploitation- et une hausse de cette même taxe sur les producteurs d’hydroélectricité.
Il englobe aussi une taxe extraordinaire sur l’énergie éolienne et l’hydroélectricité « en raison des prix très élevés de l’électricité ».
Les secteurs du pétrole et du gaz, très importants en Norvège et déjà lourdement taxés, ne sont pas concernés.
Les rentrées supplémentaires permettraient de combler, partiellement, un trou d’environ 100 milliards de couronnes de dépenses budgétaires supplémentaires l’an prochain liées aux aides sociales, à l’accueil des réfugiés ukrainiens, à des projets de construction et aux aides apportées aux ménages pour payer leur facture d’électricité.
Minoritaire au Parlement, le gouvernement de centre-gauche a besoin de l’appui d’autres partis pour faire adopter son projet.
Les producteurs d’électricité, regroupés au sein de l’association Energi Norge, ont estimé que ce projet pourrait provoquer « une crise de l’électricité plus profonde et plus longue ».
« Nous comprenons que le gouvernement ait besoin de resserrer le budget mais nous pensons que c’est une mauvaise décision de prendre de l’argent qui aurait autrement été utilisé pour développer plus d’énergies renouvelables », a fait valoir le chef de l’association, Knut Kroepelien.
Dans un pays qui est le premier producteur mondial de saumon d’élevage, le projet gouvernemental a provoqué un plongeon des cours boursiers des groupes aquacoles.
Les titres de la plupart des poids lourds du secteur comme Mowi, le numéro un mondial, Salmar, Grieg Seafood ou Leroy Seafood chutaient de 20 à 30% mercredi matin.
Selon Mowi, la proposition, à partir d’un certain seuil de production, d’une taxe de 40% sur les rentes de ressources, c’est-à-dire sur le droit d’utiliser les fjords pour les parcs aquacoles, porterait à 62% le taux d’imposition des fermes de saumon et de truite.
Le projet du gouvernement a été critiqué par le patronat.
« C’est dramatique que le gouvernement introduise des changements fiscaux si importants », a commenté le chef de la principale organisation patronale (NHO), Ole Erik Almlid. « Ce dont les entreprises norvégiennes ont besoin maintenant, c’est de prédictibilité », a-t-il déploré dans un communiqué.