renouvelables

Le nouveau scénario de négaWatt vise le tout renouvelable d’ici 2050

L’association négaWatt vient de rendre public son quatrième scénario de transition énergétique pour la France. Dans ce document prospectif, version actualisée du précédent scénario de 2011, le regroupement d’experts de l’énergie esquisse un paysage énergétique 100% renouvelable pour l’Hexagone à l’horizon 2050. Un scénario qui pourrait être atteint grâce aux technologiques les plus récentes, et leurs évolutions à venir, ainsi qu’à une forte volonté de nos sociétés de changer sa manière de produire et de consommer l’énergie. Consommer moins pour consommer renouvelable, petit tour d’horizon des prescriptions énergétiques de négaWatts.

Mieux consommer pour consommer moins

L’association négaWatt estime que la France peut réduire de moitié sa consommation d’énergie finale d’ici l’horizon 2050 en travaillant sur la « sobriété et l’efficacité énergétique », les deux premiers principes fondateurs d’un triptyque complété par les « énergies renouvelables ». Concrètement, les auteurs du rapport préconisent d’œuvrer en priorité à la réduction des gaspillages afin de favoriser l’inflexion de la demande énergétique.

Il s’agit d’une part de ramener le besoin de services énergétiques au plus près de leur utilité réelle dans les différents secteurs de consommation, et d’autre part de diminuer au maximum les pertes associées à la chaîne énergétique. Pour y parvenir, la démarche négaWatt recommande d’agir sur des paramètres tels que le dimensionnement des équipements, leur degré de mutualisation ou le taux de remplissage des véhicules (pour le principe « sobriété ») ou encore sur l’amélioration des rendements de conversion de la chaîne énergétique (pour le principe « efficacité énergétique »).

« À travers la maîtrise de nos modes de consommation, de nos bâtiments et de notre espace, ce sont l’ensemble des besoins de biens, d’équipements et de construction qui sont impactés. Il s’agit à la fois de réorienter la production pour répondre à cette évolution des besoins, mais aussi de réduire l’énergie grise et la consommation de matières premières non renouvelables associées à ces productions ».

Les efforts sur la demande énergétique devraient permettre, d’ici 2050, de diviser par deux la consommation d’énergie finale et de réduire de 63% la consommation d’énergie primaire par rapport à leurs niveaux respectifs de 2015. Une réduction conséquente qui reposerait pour 40% sur une meilleure efficacité énergétique et sur 60% sur une sobriété renforcée.

L’évolution est cependant contrastée dans les différents secteurs de consommation de l’énergie. NégaWatt évalue à 56% la réduction de la consommation énergétique du résidentiel-tertiaire sous condition d’une meilleure maîtrise des surfaces, de plus de sobriété dans l’usage des services thermiques et dans l’utilisation des appareils électriques. Le rapport n’oublie cependant pas de rappeler l’importance des politiques publiques : « outre la performance renforcée de l’enveloppe des bâtiments neufs et de tous les équipements, l’essentiel se joue dans la mise en œuvre d’un vaste programme de rénovation thermique en profondeur de l’ensemble des bâtiments existants d’ici à 2050 ».

C’est dans le secteur des transports, responsable d’un quart des émissions françaises de gaz à effet de serre, que les auteurs du rapport ont identifié le potentiel le plus important : gain en efficacité énergétique (utilisation de véhicules électriques) et plus grande sobriété (maîtrise des distances, transports en commun, meilleurs pratiques de chargement des poids-lourds, démocratisation du co-voiturage) permettraient de réduire de plus de 62% la consommation d’énergie dans ce secteur.

Un mix énergétique basé sur les énergies renouvelables

Grâce à la réduction drastique des volumes d’énergie consommée sur le territoire français, négaWatt estime que les énergies renouvelables seraient à même de couvrir 100% de la demande en électricité et quasiment 100% de la demande en énergie primaire à l’horizon 2050. Dans ce scénario, le mix tricolore serait dominé par la biomasse solide, ainsi que par les énergies éoliennes et photovoltaïques. Ce sont ces dernières qui connaissent la plus grande évolution en termes de puissance installée.

En effet, le scénario de négaWatt fait de l’éolien la première source d’électricité en 2050 : le parc éolien français pourrait fournir 123 TWh en 2030 et 247 TWh en 2050. Cette production serait issue principalement d’éoliennes terrestres de nouvelle génération qui compteraient une puissance installée totale de 49 GW en 2050. « Par rapport à la situation actuelle, le parc terrestre est multiplié par 3,1 en 2050, soit un total d’environ 18 000 éoliennes », précise le rapport.

La production à terre est à compléter par une puissance de production offshore : d’ici 2050, négaWatt préconise en effet d’exploiter le potentiel maritime français à l’aide de 11 GW d’éoliennes en mer sur fondation, et de 17 GW d’éoliennes flottantes. « Cette filière présente un potentiel significatif à la fois en Atlantique et en Méditerranée, permettant de développer des projets industriels complets de reconversion industrielle, notamment pour le secteur pétrolier et les chantiers navals« .

L’énergie solaire est également au cœur d’une importante stratégie de développement. Selon le scénario négaWatt, il s’agit de favoriser le développement de tous types de projets photovoltaïques, de la petite installation sur maisons individuelles à l’installation de taille moyenne sur des bâtiments plus importants, en passant par l’ombrière de parkings et les grands parcs au sol (sur des friches industrielles ou des terrains délaissés impropres à l’agriculture). En 2050, la France pourrait ainsi s’appuyer sur une puissance installée de 140 GW, capable de produire 147 TWh d’électricité.

Afin de compenser le caractère intermittent de ces deux grandes sources d’électricité renouvelable, négaWatt prône le développement de la filière « power-to-gaz ». Il s’agit d’une technologie qui permet d’utiliser les volumes électriques renouvelables non consommés pour produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau. « Outre l’avantage de pouvoir être stocké dans les infrastructures existantes (réseau gazier) le méthane produit permet de bénéficier de la très grande flexibilité du vecteur gaz en matière d’usage, y compris la production électrique d’appoint pouvant contribuer à assurer la sécurité du réseau ».

Ce scénario 100% renouvelable se base cependant sur deux conditions qui paraissent aujourd’hui difficiles à mettre œuvre. D’une part la quasi disparition des énergies fossiles et, d’autre part, la non-prolongation de l’exploitation des 58 réacteurs nucléaires en service aujourd’hui en France.

La neutralité carbone dès 2050

La mise en œuvre du scénario établi par négaWatt permettrait à la France d’éliminer la quasi-totalité de ses émissions de gaz à effet de serre et de faire passer ces émissions polluantes de 358 millions de tonnes (niveau de 2015) à 21 millions de tonnes d’ici 2050.

L’association défend le caractère réaliste de son scénario et de son plan d’action. Si elle nécessite l’investissement de près de 1.160 milliards d’euros, la démarche négaWatt permettrait cependant à la France de réaliser près de 400 milliards d’euros d’économie, tout en favorisant la création de 400.000 emplois nets au cours des 15 prochaines années. Les auteurs du rapport estiment en outre que le montant des investissements « se distingue peu », dans les premières années,  du scénario issu de l’application de la loi sur la transition énergétique et la croissance verte.

Mais l’association négaWatt ne manque pas de rappeler l’urgence de la situation. « Même si on note une avancée dans les têtes, et même si, pour la première fois, la consommation énergétique décroît, grâce aux progrès en matière d’efficacité dans le bâtiment, dans les transports et l’industrie, la transition n’a pas vraiment commencé. Notre budget carbone se réduit, il ne nous reste que quinze ans pour changer de système énergétique vers un modèle peu émetteur en gaz à effet de serre », estime Thierry Salomon, vice-président et porte-parole de négaWatt.

commentaires

COMMENTAIRES

  • Bonjour,
    Il s’agit dans cet article de pistes intéressantes, c’est indéniable. Cela dit cela reste trop sur le conditionnel (le comportemental est extrêmement difficile à changer même s’il évolue, c’est très lent et 2050…c’est demain!) Jouer sur les économies d’énergie a un coût élevé qui peut se le permettre? surement pas possible pour l’ensemble de la population en particulier la frange qui en aurait le plus besoin. Et par exemple, prôner les véhicules électriques pour économiser des mégawatts…bof…à moins qu’elles soient solaires ou éoliennes. Et je n’ose pas penser à la production industrielle de notre pays déjà bien malade, si nous devions en plus compter sur le solaire ou l »éolien et attendre le soleil ou le vent pour faire tourner les machines!

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