Nucléaire : Areva vers une alliance avec des groupes chinois ?
Areva va rechercher des partenariats avec des entreprises énergétiques chinoises et japonaise dans le cadre de son plan de sauvetage qui doit permettre de réunir 7 milliards d’euros. Les chinois CNG (China General Nuclear) et CNNC (China National Nuclear Corp), ainsi que le japonais Mitsubishi pourraient apporter 2 milliards d’euros au groupe français. « La Chine est incontournable pour Areva. C’est maintenant qu’il faut nouer des alliances car elle est en croissance et a besoin de technologies » a déclaré Philippe Varin, président du conseil d’administration du groupe au Journal du Dimanche.
Areva a besoin de 7 milliards d’euros. Pour cela, le groupe devrait lancer une augmentation de capital de 3,6 milliards. La contribution de l’Etat pour renflouer Areva pourrait être limitée à 1,7 milliards d’euros si les investisseurs chinois s’engageaient à hauteur d’1 milliard d’euros, en plus de prendre des participations dans Areva NP, la branche dédiée à l’activité réacteurs. De plus 1,6 milliard pourrait être gagné par des économies de coûts et d’investissements et des cessions d’actifs. « Plus les Chinois investiront, moins la facture sera élevée pour la France », a précisé un source du ministère de l’Economie au JDD.
Areva a annoncé la semaine dernière la première étape de son plan de sauvetage via un protocole d’accord avec EDF qui rachèterait jusqu’à 75% de son activité réacteurs, et qui devrait rapporter 2,7 milliards d’Euros. Mais étant donné qu’EDF veut limiter ses dépenses pour Areva NP, il faut trouver d’autres investisseurs. Trois groupes sont intéressés. Les Chinois CNG et CNNC, déjà associés à EDF à 40 % sur le projet d’EPR britannique d’Hinkley Point, souhaiteraient s’associer au géant du nucléaire français. Tout comme le japonais Mitsubishi, partenaire d’Areva pour la réalisation du réacteur de troisième génération de moyenne puissance Atmea.
De son côté, l’Etat, actionnaire à 86,5% d’Areva, souhaite limiter sa contribution dans la recapitalisation du groupe à 2 milliards d’euros. Il ne verrait donc pas forcément d’un mauvais œil l’arrivée de partenaires étrangers « s’il y a une pertinence sur le plan industriel ou stratégique », pour reprendre les propose d’Emmanuel Macron.
Mais « d’une manière générale, faire des coentreprises en Chine a ses limites. Une alliance capitalistique est une voie qui permet d’équilibrer une relation dans la durée », prévient Philippe Varin dans Le Journal du Dimanche. Cet équilibre consisterait à s’ouvrir à des capitaux étrangers sans céder tout le savoir-faire et la technologie française, au risque d’affaiblir la filière nucléaire hexagonale sur le marché de l’export. Or CNG et CNNC, qui exploitent chacun une dizaine de centrales en Chine et ont une douzaine de réacteurs en construction, cherchent justement à maîtriser tout le cycle de l’uranium, des mines jusqu’à l’enrichissement et au retraitement. Autant de compétences maîtrisées par Areva, qui pourrait être davantage tenté par un accord avec le japonais Mitsubishi …
Samuel BEDIN
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