Idée reçue n°3 : le nucléaire coûte cher
En ces temps de dates anniversaires des catastrophes de Fukushima et Tchernobyl, de nombreux débats et avis s’opposent sur la baisse de la part du nucléaire dans la production d’électricité et viennent parsemer l’actualité. Que l’on soit pour ou contre l’atome, il est essentiel d’avoir accès à des données et faits objectifs pour comprendre les enjeux du futur mix énergétique français. Des enjeux que nous tous, citoyens, pourrons suivre pendant la révision de la Programmation pluriannuelle de l’énergie qui débute le 19 mars.
La rédaction du Monde de l’Energie a décidé de décrypter pour vous les idées reçues les plus souvent reprises concernant le nucléaire.
Achats de combustible, personnel, impôts, logistique, etc. : les dépenses d’EDF ont un coût. Et avec le Grand carénage, l’énergéticien français a décidé de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires. Cet allongement de la durée d’exploitation nécessite de coûteuses opérations de modernisation.
Tous ces investissements sont-ils nécessaires ? L’électricité d’origine nucléaire est-elle bon marché ou plombe-t-elle le porte-monnaie des Français ? Autant d’interrogations souvent fondées sur des idées reçues et sur lesquelles qu’il convient de revenir.
Le nucléaire pollue et coûte cher
Le nucléaire est la garantie d’une énergie sans émission de CO2 tout en restant compétitive : avec 80% d’électricité issue du nucléaire, les prix de détail de l’électricité en France sont les moins chers d’Europe après les Pays-Bas. Une sortie brutale du nucléaire coûterait cher : en 15 ans, le passage de 30% à 14% de la part du nucléaire dans le mix énergétique allemand a doublé le prix de détail de l’électricité et augmenté de 74% la facture des ménages, sans diminution d’émissions de CO2.
Construire de nouveaux réacteurs coûte cher
Quelle que soit la composition du mix énergétique de demain, la France ne pourra pas se passer d’investissements massifs. La compétitivité de la filière nucléaire française est en progression constante. D’ici 2030, les coûts de construction des nouveaux réacteurs seront réduits de 30%. Ces investissements sont intégrés aux coûts de production actuels et permettent, à moyen terme, une énergie compétitive et bas carbone.
Prolonger les réacteurs nucléaires coûte cher
La prolongation de la durée de fonctionnement du parc nucléaire existant est la solution la plus pragmatique pour préparer le mix énergétique de demain tout en garantissant la sécurité d’alimentation. En intégrant les coûts du Grand Carénage (48Mds€ sur la période 2014-2025 soit 4Mds€/an) dans les coûts de production, le nucléaire existant reste la solution énergétique la plus économique à 32€/MWh. Les investissements réalisés permettent non seulement de préserver la stabilité et la compétitivité de la production d’électricité, mais également d’atteindre les exigences de sûreté des centrales de « dernière génération » comme l’EPR.
Importer de l’uranium coûte cher
Si le coût d’importation de l’uranium peut varier de 500M€ à 1Md€ par an, le nucléaire contribue globalement à l’amélioration de la balance commerciale en exportant chaque année 6Mds€ de biens et de services. D’autant que la France exporte plus de 10% de sa production électrique (2Mds€/an environ). L’énergie nucléaire constitue également un atout pour la transition énergétique de nos voisins européens qui peuvent importer une énergie bas carbone à bas coût dans le cadre du développement des interconnexions.
Retrouvez l’idée reçue n°1 : le nucléaire est une énergie dangereuse
Retrouvez l’idée reçue n°2 : le nucléaire est une technologie du passé
Retrouvez l’idée reçue n°4 : l’industrie du nucléaire ne sait que faire de ses déchets
Retrouvez l’idée reçue n°5 : le nucléaire ne laisse pas la place aux énergies renouvelables
Retrouvez l’idée reçue n°6 : Le nucléaire fragilise les emplois et les territoires
La tribune de Michel Gay – PPE : confusion dans le pilotage de la politique énergétique de la France
COMMENTAIRES
Effectivement on ne peut sortir du nucléaire du jour au lendemain. Mais dans votre article il me semble que vous ne parlez pas du coût des 100 000 ans de stockage des déchets ni du vrai coût du démantèlement (si un jour on sait comment faire) loin des 150millions de provision par réacteur (les estimations des spécialistes varient entre 500m€ et 1Md€). On ne parle pas non plus du coût qu’un accident aurait sur le prix, mais si un jour cela arrive et espérons que cela n’arrive jamais, le prix de l’électricité sera secondaire.on ne parle pas non plus de la matière première qui durant longtemps etaient dans des pays « amis » et qui aujourd’hui ne sont pas des modèles de démocratie. Est-ce compatible avec la politique RSE des grands groupes énergétiques français ?
Il semble que les idées reçues soient tenaces :
– concernant les coûts de démantèlement et du stockage des déchets, je vous renvoie aux rapports de la Cour des Comptes, organisme dont l’expertise n’est pas contestable et qui confirme que ces coûts sont intégrés dans le coûts de 32 €/MWh cité dans l’article.
– quant au coût lié aux conséquences d’un accident nucléaire dont la probabilité est extrêmement faible sans être nulle, il faut tenir compte d’une part de cette probabilité et d’autre part des moyens mis en œuvre pour limiter ces conséquences le cas échéant. Par ex., les réacteurs français sont conçus pour que les rejets radioactifs dans l’atmosphère, en cas de fusion du cœur du réacteur, restent très faibles et n’obligent pas à évacuer les populations avoisinantes.
– parlons de conséquences des moyens alternatifs : l’OMS publie chaque année des études évaluant le nombre de morts par cancer du poumon, qui se chiffrent en millions de personnes au niveau mondial, qui sont victimes de la production d’électricité à base de combustibles fossiles. Quant aux énergies dites Vertes, l’hydraulique a déjà tué des populations suite à l’effondrement de barrages ; les énergies solaires et éoliennes, de par leur intermittence, ont besoin du soutien de centrales au gaz ou au charbon (cas de l’Allemagne), ce qui renvoie au point précédent.
Pour être précis, quand on écrit que le nucléaire produit une électricité qui revient à 32 €/MWh, il s’agit là de « coûts cash », c’est à dire qui intègrent tout sauf les nécessaires provisions pour reconstituer l’outil de production une fois celui-ci usé.
Le coût complet (avec provisions pour pouvoir réinvestir tourne plutôt autour de 70 €/MWh.
Mais : si on compare aux énergies dites renouvelables les moins chères (éolien et solaire PV), il faut intégrer dans leur prix de production les subventions versées par les consommateurs sous formes de taxes, car on paye non seulement les kWh mais ces aides financières (et obligatoires). Et ce n’est pas fini : l’électricité issue de ces moyens renouvelables n’est pas produite à la demande mais suivant les caprices de la météo. Pour la rendre « propre à la consommation » il faut la soutenir techniquement par celle d’autres moyens de production pilotables (qui compensent les périodes de non-production) ou de stockage quand les techniques, inexistantes à l’heure actuelle, émergeront un jour.
Bref, dans ces conditions, même un coût complet de 70 €/MWh est très concurrentiel et le restera probablement pour des décennies.
C’est sans compter le coût du démantèlement des centrales et de la gestion des déchets pour quelques milliers d’années.
coût qui n’est pas intégré dans le calcul, ni dans votre article.
Egalement, le coût de la dette (47 milliards pour EDF et 15 milliard pour AREVA), également le coût de l’importation d’uranium de pays instables. Exemple : le Mali, frontalier avec le Niger, importateur d’Uranium pour la France. AREVA y a une usine et finance des milices pour rendre son pillage plus facile. l’instabilité du Mali risquant de se propager, c’est l’état Français, à coup de 1million d’euros par JOUR d’intervention militaire que l’Uranium a pu continuer à sortir des mines nigérianes.
Un coût de l’électricité indirect, mais que seul le nucléaire implique.
Quelqu’un connait l’adresse d’un sondage sur les choix énergétiques futur?
La radio en à parlé cette semaine mais je n’ai pas pu noter l’adresse.
Cordialement.
Bonjour, si nous trouvons, nous vous donnerons l’adresse !
Bien à vous
La rédaction