Nucléaire : la Cour des Comptes rend son rapport tant attendu
Aujourd’hui, la Cour des Comptes a remis son rapport sur l’ensemble des coûts liés à la production d’électricité nucléaire en France. Entre autres chiffres, les magistrats évaluent à 49,5 euros le mégawattheure (MWh) le coût moyen de production.
Coût du mégawattheure
Comment la Cour des Comptes a-t-elle abouti à ce chiffre ? Les magistrats ont calculé le coût courant économique, intégrant la rémunération du capital et également le cycle complet de cette industrie, donc les charges futures liées au démantèlement et à la gestion des déchets. Le coût moyen de production d’électricité d’origine nucléaire s’élève donc à 49,5€, un montant qui se rapproche de celui avancé par EDF, qui évalue de son côté le coût du nucléaire historique à 46 euros le MWh. Dans le même temps, l’Accès réglementé au nucléaire historique (Arenh) contraint l’électricien français à vendre l’énergie nucléaire à 42 euros/MWh à ses concurrents.
Coût de maintenance
Concernant les dépenses de maintenance, la Cour des Comptes estime qu’ils s’élèveront à 3,7 milliards d’euros par an pour la période 2011-2025, ce qui pourrait alourdir de 10% de coût de production du nucléaire qui passerait ainsi de 49,5 euros à 54 euros le MWh. Ce surcoût est lié notamment aux investissements prévus pour renforcer la sécurité du parc, suite aux préconisations formulées dans le rapport post-Fukushima de l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire).
Quid du prolongement de la durée de vie des centrales ? Dépasser les quarante ans, c’est « éloigner le moment du décaissement des charges futures, ce qui diminue le montant des provisions et repousse à plus tard les investissements de renouvellement du parc, qui nécessiteront des ressources de financement importantes », prévient la Cour.
Coût du démantèlement
Au sujet du coût du démantèlement, les magistrats admettent leur incertitude. Les dépenses de déconstruction des 58 réacteurs étaient estimées à 18,4 milliards fin 2010. « La Cour a vérifié que les charges futures (démantèlement, gestion des combustibles usés et des déchets) sont bien intégrées dans les comptes des exploitants et dans les calculs de coûts. Mais, comme le montant de ces charges n’est pas connu avec certitude, elle a aussi vérifié les conséquences d’une éventuelle sous-estimation de ces coûts » explique Didier Migaud, président de la Cour des Comptes.
Si les charges de démantèlement augmentaient de 50%, le coût moyen de production augmenterait de 2,5% (soit 50,7 euros le MWh). Si ces charges venaient à doubler, le mégawattheure nucléaire serait alourdi de 5%, soit un coût de 52 euros. Les charges d’exploitation s’élèvent, elles, à 8,9 milliards en 2010 pour le parc de 58 réacteurs et sont « bien identifiées ».
Coût du traitement des déchets
Pour le traitement des déchets radioactifs, les magistrats de la rue Cambon estiment que l’enfouissement profond représente une augmentation du coût de production limitée à 1 %, cette charge se répartissant à l’échelle de plus d’un siècle.
Coût de l’EPR
La Cour des Comptes relève que le coût du chantier de Flamanville (Manche) s’élève à 6 milliards d’euros pour une mise en service en 2016. Pour une durée de vie de 60 ans, l’institution financière évalue le coût de production entre 70 et 90 euros le MWh. Un chiffre toutefois appelé à baisser pour les prochains EPR, celui de Flamanville étant un prototype.
Maintien de la production d’électricité d’origine nucléaire actuelle
Le scénario d’un maintien de la production d’électricité d’origine nucléaire actuellement est considérée comme étant la moins coûteuse par le Commissariat à l’Energie Atomique. Toutefois, la Cour des Comptes précise que ce maintien ajouté à une durée de vie limitée à quarante années nécessiteront la construction d’onze EPR d’ici 2022.
Au final, le coût du nucléaire historique pourrait donc dépasser les 57 euros le MWh, selon la méthode du coût courant économique. Le nucléaire reste donc très compétitif, le prix de l’éolien étant à l’heure actuelle estimé à 69 euros/KWh par l’Union française de l’électricité, et le prix de l’énergie produite par une centrale à gaz à 74 euros/KWh.