Nucléaire : reprise progressive de la production à l’usine Areva du Creusot
La production de l’usine Areva du Creusot, interrompue en 2016 à la suite d’irrégularités, a repris avec la coulée d’un élément destiné à la future centrale nucléaire d’Hinkley Point en Angleterre, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.
« Des opérations de forgeage d’un composant destiné à un client nucléaire ont démarré cette semaine à l’usine de Creusot Forge. Il s’agit d’une pièce qui va faire l’objet d’analyses et d’essais afin de valider le processus de fabrication », a déclaré un porte-parole d’Areva NP (activité réacteurs nucléaires), interrogé par l’AFP, confirmant des informations du Journal de Saône-et-Loire.
Il ne s’agit toutefois que d’une « étape » dans le cadre d’un « plan d’amélioration » et de « reprise des fabrications pour des clients nucléaires qui a débuté en 2016 », a-t-il souligné.
Selon Patrick Merliaud, secrétaire CFDT du comité d’établissement de Creusot Forge, la pièce produite est destinée « au programme Hinkley Point », deux réacteurs nucléaires EPR construits par EDF, dont le coût a été réévalué à la hausse de plus de 1,8 milliard d’euros. L’électricien a également évoqué un « risque » de retard de 15 mois pour le premier réacteur et de 9 mois pour le second.
A l’instar de Jean-Luc Mercier, délégué CGT sur le site, M. Merliaud a confirmé qu’une « première coulée de branche » est intervenue le 18 juillet destinée au projet Hinkley Point et qu’une deuxième est espérée « à la rentrée », si la première a donné satisfaction.
« EDF a validé le processus de fabrication. L’ASN (l’Autorité de sûreté nucléaire) devrait à son tour le valider aux environs du 15 septembre au vu de ses analyses », a assuré M. Mercier à l’AFP.
« C’est très positif pour les (270) salariés du site qui se demandaient ce qu’ils allaient devenir. C’est aussi un premier maillon qui relance toute l’activité de fabrication (des réacteurs), impliquant deux autres sites, Saint-Marcel et Chalon Services, soit 2.000 à 2.300 salariés au total sur les trois sites », s’est-il félicité.
« C’est un vrai nouveau départ » mais, comme « les produits sont assez longs à mettre en place », il faudra « une bonne année » avant que le site ne tourne à nouveau à plein régime, a expliqué M. Merliaud.
La production commerciale de grands composants nucléaires au Creusot avait été interrompue en 2016 après la découverte d’irrégularités dans des dossiers de suivi de fabrication.
Ces anomalies, dont certaines s’apparentent à des falsifications selon l’ASN, avaient conduit Areva à lancer un plan d’amélioration de la qualité de ses usines de fabrication d’équipements.
L’ASN avait indiqué en avril qu’elle devrait d’abord vérifier et accepter le plan d’action avant d’autoriser la reprise de la production.
Pour l’instant, « la reprise des fabrications concerne des pièces pour l’EPR anglais. C’est l’autorité britannique (ONR) qui s’est assurée que les conditions appropriées et préalables à la reprise des fabrications avaient été respectées », a souligné mercredi l’ASN, interrogée par l’AFP.
« Si l’ASN et l’ONR ont échangé sur la définition de ces conditions préalables requises, l’ASN n’est pas impliquée dans la décision de reprise des fabrications pour l’EPR anglais », a-t-elle insisté.