Le numérique, un levier pour la transition énergétique
Les innovations technologiques ont un rôle à jouer dans la transition énergétique des entreprises. En pleine transformation, ces dernières, à l’image d’EDF ou d’Orange, s’appuient sur le numérique pour agir sur leur impact environnemental.
Bonne nouvelle : en France, sept grandes entreprises sur dix (70%) et plus de la moitié des PME (53%) ont bel et bien entamé leur transformation numérique. Pour autant, les outils numériques et leurs divers usages ont un impact écologique loin d’être négligeable. Le secteur du numérique – réseaux de communication, terminaux et usages – représente ainsi 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde, et 2,5% de l’empreinte carbone française. Une empreinte somme toute modeste, mais qui pourrait bien exploser à la faveur de la croissance du secteur : selon un rapport du Sénat, les émissions de GES liées au numérique pourraient en effet bondir de 60% d’ici 2040, pour peser l’équivalent de 6,7% des émissions nationales.
C’est donc maintenant que tout se joue. Comme l’écrivent Stéphanie Chrétien et Jean-Marc Lazard, respectivement associée chez Demeter et président de Opendatasoft, dans une tribune au Monde, « la technologie ne peut plus se contenter de répondre aux seuls objectifs de rentabilité, de productivité ou d’automatisation. Elle doit permettre aux organisations de s’engager durablement pour répondre aux crises actuelles de tout ordre, économiques, sanitaires, environnementales et sociétales ». Pour les deux entrepreneurs, « les technologies sont devenues un levier pour servir nos objectifs environnementaux et sociétaux ». De plus en plus conscientes de leurs responsabilités et challengées par leurs parties prenantes, les entreprises – et, singulièrement, les plus « technologiques » d’entre elles – commencent à prendre la mesure de ces enjeux. Et à agir en conséquence.
Véronique Lacour : « Le numérique est un formidable outil au service de la transition énergétique »
Ainsi d’EDF, qui mise par exemple sur l’Open Data. Origine de l’électricité, effectifs du groupe, indicateurs sociaux, débit des rivières aux abords des centrales hydrauliques, capacités de production par pays, émissions de CO2… : cartes et graphiques à l’appui, cette inédite plateforme permet au grand public de visualiser toutes les données de l’énergéticien. « Le numérique est un formidable outil au service de la transition énergétique », explique Véronique Lacour, directrice exécutive d’EDF en charge de la transformation et de l’efficacité opérationnelle, selon qui « EDF, au travers de sa démarche d’Open Data, aide à éclairer les débats sur la transition énergétique et souhaite stimuler l’innovation pour tous dans ce domaine ». « La transformation, c’est aussi une question de posture, d’ouverture et de partage », veut croire Véronique Lacour : « avec l’Open Data, au-delà du numérique, nous montrons que l’entreprise se transforme ».
Des datacenters plus verts…
Bien sûr, prendre en compte l’impact carbone du numérique, c’est aussi et avant tout agir sur la consommation des équipements. C’est pourquoi, au-delà de la dimension Open Data, EDF travaille aussi à améliorer et optimiser ses datacenters, ces immenses ordinateurs qui produisent une chaleur abondante. Certifiés ISO 14001 et ISO 50001, les datacenters d’EDF ont vu leur consommation d’énergie réduite de 15% en cinq ans – un petit exploit, alors que le nombre de serveurs et la puissance de calcul ont été multipliés par deux au cours de la même période. Orange, un leader français de la Tech, n’est pas en reste : le groupe de téléphonie, qui ambitionne depuis 2019 de s’imposer comme « l’acteur de confiance qui donne à chacun les clés d’un monde numérique responsable », a lui aussi mis sur pied deux datacenters « verts », qui ne nécessitent pas de climatisation artificielle pour les refroidir. Orange a également lancé le programme OSCAR, qui encourage le réemploi des équipements existants, visant un objectif net zéro carbone en 2040.
…producteurs d’énergie
Et si les outils numériques participaient directement à réduire l’impact énergétique du secteur digital ? Alors que les datacenters des géants américains de la Tech consomment autant, voire plus d’électricité que des pays entiers comme la Belgique ou la Suisse, optimiser la chaleur produite par ces gigantesques centres de données peut permettre de chauffer les foyers. En 2022, Amazon, Apple et Microsoft ont ainsi commencé à connecter leurs installations aux systèmes de chauffage urbain au Danemark, en Finlande ou en Irlande. La France suit le même chemin : dans la capitale, Paris Habitat collabore avec le groupe Illiad (Free) afin que la chaleur produite par les serveurs de l’entreprise puisse chauffer quelque 150 logements. Plus étonnant encore, dans le sud de Paris, l’eau de la piscine de la Butte-aux-Cailles est maintenue à 28°C toute l’année grâce à la chaleur des serveurs de la start-up Stimergy – une solution écologique qui économise 45 tonnes de GES par an. La preuve que le numérique peut bel et bien rimer avec écologique.