Des ONG accusent l’énergéticien Drax de présenter abusivement la biomasse comme une énergie propre

Des ONG ont annoncé avoir déposé une plainte auprès de l’OCDE visant la compagnie d’électricité britannique Drax, qui exploite la plus grosse centrale à charbon du Royaume-Uni, à qui elles reprochent de présenter abusivement la biomasse comme une énergie propre.

« Drax présente l’énergie issue de la biomasse comme neutre, ou peu émettrice de carbone » mais « en réalité lorsque l’on brûle de la biomasse, on libère davantage de carbone que le charbon », a indiqué lundi à l’AFP Elsie Blackshaw-Crosby, avocate de l’une de ces ONG, The Lifescape Project.

La plus grosse centrale à charbon du pays, située dans le Yorkshire, dans le nord de l’Angleterre, a amorcé il y a plus de dix ans sa conversion vers la biomasse, une source d’énergie dont les écologistes contestent le caractère renouvelable.

Dans le texte de la plainte, déposée le 21 octobre, les ONG contestent des affirmations de Drax selon lesquelles « l’énergie produite à partir de biomasse est une technologie neutre en carbone » ou encore que cette technique a permis à Drax « de réduire ses émissions de 90% par rapport à la combustion du charbon ».

Les ONG se basent notamment sur une étude du centre de réflexion Ember qui relevait début octobre que la combustion de biomasse au Royaume-Uni émettait davantage de CO2 que le charbon, et selon laquelle Drax serait le principal émetteur individuel de ce gaz à effet de serre dans le pays.

Contacté par l’AFP, Drax a répondu que les émissions liées à la combustion de biomasse sont compensées par des « émissions négatives » notamment parce que les forêts d’où provient le bois sont « stables ou en croissance ».

L’IPCC, groupe d’experts de l’ONU sur le changement climatique, a en outre « clairement indiqué que la biomasse durable est cruciale pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux », poursuit l’énergéticien, qui souligne aussi « son potentiel à générer des émissions négatives grâce à la capture et au stockage du carbone ».

Les ONG invoquent dans leur plainte les principes de l’OCDE qui incitent les entreprises à ne pas faire de déclarations induisant le consommateur en erreur et à fournir « une information mesurable et vérifiable sur ses impacts environnementaux », selon le texte de la plainte.

Si les procédures devant l’OCDE « ne débouchent pas sur des décisions légalement contraignantes », précise Elsie Blackshaw-Crosby, les ONG espèrent obtenir une médiation et le retrait ou la correction publique par Drax de ses déclarations.
ode/nth

commentaires

COMMENTAIRES

  • Mais lorsqu’on brule de la biomasse on ne peut émettre que le CO2 que cette biomasse a consommer durant sa croissance, quelle que soit cette quantité …. on n’a donc pas accru la quantité de CO2 contenue dans l’atmosphère, alors qu’en brulant du charbon on émet du CO2 qui était séquestré dans le sol depuis des millions d’années. D’ailleurs ce CO2 émis par la crémation de la biomasse sera absorbée à son tour par ce que l’on replantera pour garder sont potentiel végétal. Ainsi, si la taille de la foret ne diminue pas le compte CO2/biomasse est nul.
    En revanche, comme pour tous combustible qu’on ne brule pas sur son lieu de naissance, il est émetteur de CO2 correspondant au transport de sont lieu de pousse à son lieu de crémation.
    Il semble que cette ONG n’a pas très bien compris le cycle du CO2 de la biomasse.

    Répondre
  • Rochain égal à lui même prend tout le monde pour des cons!Je ne pense pas que cette ONG abrite des ignares.La pousse du bois a absorbé du CO2 certes, mais ils sont partisans de l’y laisser. Le bois mort des forêts crée l’humus qui fixe le carbone dans le sol, le bois coupé comme bois d’œuvre fixe le carbone dans nos charpentes et nos meubles. Brûler un arbre en une seconde et attendre 30 à 60 ans que la pousse d’un arbre semblable absorbe le CO2 émis est une absurdité incroyable si on vise la neutralité en 2050. Par surcroit les plantations supposées être compensatoires après les coupes rases sont souvent des « cultures industrielles » de résineux sur sol stérilisé avec engrais et traitements. Sous le joli terme de biomasse qui serait censée être constituée de branches et déchets de coupe on brûle dans les centrales des plaquettes issues de beaux arbres. La solution biomasse est une supercherie de grande ampleur. En France la centrale de Gardanne reconvertie à la biomasse doit consommer 580 000 tonnes de bois par an, sur son parc ce sont des futs d’arbres, pas des vieilles palettes! Les écolo sont vent debout. L’exploitant a abandonné le projet d’importer du bois d’Amazonie (!)et la déforestation aura lieu chez nous, promis juré. EDF a abandonné le projet de conversion biomasse de la centrale de Cordemais.

    Répondre
    • @jean-Pierre Moulard, mon métier est de valorise energétiquement la biomasse donc j’aurais du bondir en lisant votre article. Et bien non, pas du tout, vous avez en grande partie raison, car on peut que constater avec amertume les excès qui sont commis dans le domaine du bois energie.
      Premièrement, je vous dirais que la valorisation du bois pour produire de l’energie n’a de sens que dans la mesure où elle doit intervenir en dernier recours quand toutes les autres utilisations ont été considérées. Déja, ça limite sérieusement le débat.
      Ensuite, la biomasse est dans mon esprit incompatible avec le gigantisme qui n’a plus aucun sens aujourd’hui (grosses installations = transports longues distances d’un produit à bas pouvoir calorifique en brulant un combustible à haut pouvoir calorifique et polluant) . Par ailleurs les grosses installations rejettent de la chaleur en quantité correspondante dont l’utilisation est d’autant plus problématique, voire impossible. Le projet de Gardanne est une monstruosité démontrant largement que des esprits malades sévissent encore dans l’energie et que personne se semble songer à enfermer d’urgence. Business is business.
      Par ailleurs et enfin, je défend personnellement contre vents et marées la techno de la pyro-gazéïfication dont les avantages sont nombreux par rapport à la combustion simple, mais qui est déconsidérée suites à des échecs retentissants que nous, mes collègues et moi , avions pressenti au départ. Hélas, nous ne nous étions pas trompés. Mais comme nous sommes un tpe (mais dont les membres sont tres pointus et tres expérimentés) et qu’en France on ne prête qu’aux riches…..Résultat : regardez les stats Mais regardez les statistiques environ 1500 chaufferies de plus de 1MWth en France utilisant la combustion, 1 seule utilisant la pyro-gazéïfication !!! Nous ça nous pose question , pas vous ? La réponse (partielle) les chaudières classiques bénéficient de toutes les aides possibles et imaginables, la pyrogazéïfication, triple zéro. Circulez, il n’y a rien à voir!

      Répondre
  • @Serge Rochain
    Dans cet article, le mot propreté n’est sans doute pas lié au CO2, dont il est admis que s’agissant de la biomasse, il est en quelque sorte neutralisé. Vous l’avez fort bien expliqué et je n’ai rien à ajouter. Par contre DRAX exploite effectivement de grosses centrales biomasse et il est probable que la qualité du bois brulé, comme d’ailleurs partout dans le monde y compris en France, soit tres variable et que les opportunités économiques qui se présentent soient parfois tellement attirantes, qu’elle sont retenues et dans ce cas, la pollution monte en flèche (surtout en fonctionnement nocturne au moment où cette pollution est moins visible) car il est très couteux d’équiper ces énormes chaudières de tous les traitements correspondants à la nature des polluants contenus dans les intrants. La biomasse a ceci de particulier qu’elle n’est définie que par des normes de granulométrie des intrants et par des polluants spécifiques (bois traités B et C). Le comportement du bois en pyro-gazéïfication est beaucoup plus simple à maitriser en raison en particulier de la quantité d’air bien moindre (donc moins de fumée) mise en jeu et aux température plus basses . C’est un des nombreux arguments favorables à la pyro-gazéïfication qui se développe partout dans le monde mais qui en France, où on ne fait rien comme ailleurs, « bénéficie » d’une réputation de défiance solide, et ce de façon totalement injuste, mais je suis fatigué de le répéter sans arrêt, c’est épuisant. Comme je suis fatigué aussi de clamer haut et fort que la biomasse est LA solution pour rendre pilotables éoliennes et panneaux solaires en produisant lorsque les 2 premiers sont incapables de le faire (c’est d’ailleurs une intermittence plus ou moins prévisible) et ce sans faire appel à des stockages batteries couteux et dont le cycle de vie est tres polluant. Il faudrait un miracle pour que dans cette mêlée épouvantable et obscure qu’est aujourd’hui le monde de l’energie en France, la lumière jaillisse dans tous les cerveaux y compris dans ceux qui rêvent de 100% de renouvelables, mais n’ont aucune idée sur la façon de procéder.
    De même Serge Rochain, avec qui je ne suis pas toujours d’accord mais qui est une personne intelligente (c’est tellement plus agréable d’adresser des compléments plutôt que des insultes) et qui a parfaitement compris qu’une des limites de la biomasse, est l’impérative nécessité de ne pas perdre en transport, le gain de CO2 réalisé par l’utilisation énergétique qu’on en fait. Jusqu’à présent, on n’hésitait pas à faire venir de la biomasse des 4 coins du Monde car le pétrole était tres bon marché et on se foutait plus ou moins des émissions de toute nature (mais à coup sûr tres efficaces pour réchauffer l’atmosphère, CO2 bien sûr mais NOX au moins tout autant).Mais nous entrons dans un autre monde avec une difficulté énorme à nous débarrasser de nos tres mauvaises habitudes du monde ancien. Il est plus que temps de limiter le rayon des cercles d’approvisionnement en biomasse, ce qui veut dire réduire la taille des chaufferies. Rien que ça améliorera l’image de marque du bois ou de la biomasse-energie. Quant à ceux qui tentent de démonter que c’est une bêtise de faire de l’électricité avec de la biomasse car notre électricité est déja largement décarbonée, je leur répond tranquillement que nos besoins actuels vont rapidement doubler (une paille, si je puis dire) et que face à cette situation, il faudra bien produire dans l’attente (non garantie) de la prise de relais par l’hydrogene. Notons au passage que le bois va devenir plus cher à l’achat, mais ce n’est pas forcément une mauvaise chose, puisque à priori c’est, comme le nucléaire, une ressource encore abondante en France. Notons 2 choses au passage: exporter des grumes est pour le moins contestable car les travailleurs de le filière ne se transportent pas. L’autre chose est que naturellement produire de l’électricité via la biomasse sera accompagnée qu’on le veuille ou non d’un dégagement de chaleur qu’il sera opportun d’utiliser, ça porte un nom : cogénération. Et il faut donc que je respire un grand coup pour annoncer sans trembler que tres peu de personnes raisonnent comme moi et qu’il faut au minimum du courage, et beaucoup de lucidité pour accoler 2 termes, pyro-gazéïfication et cogénération qui séparément ont pratiquement disparu du langage des énergéticiens. Si quelqu’un peut m’expliquer pourquoi, j’en serais ravi, mais je parie qu’il n’y aura que tres peu de lecteurs pour le faire.

    Cerise sur le gâteau, mailler le territoire de petites centrales de cogénération la plupart du temps disponibles partiellement en cas d’atteinte (tres probables et constatées déja à de nombreuses reprises) au réseau suite aux conséquences d’évènements climatiques extrêmes.Des groupes de secours à poste fixe en quelque sorte, utilisés un peu plus intelligemment, c’est à dire fonctionnant en période normale selon une logique économique pure un maximum d’heures dans l’année. Quand on parle de sécurité d’approvisionnement en électricité, on ne laisse plus la parole aux comptables.
    Alors évidemment, pour écrire tout ça, il faut au minimum savoir que c’est techniquement réaliste, socialement parfaitement acceptable voire souhaité, et il faut regarder les problèmes futurs avec lucidité et sans trembler. L’autre solution c’est de se comporter comme des autruches. C’est ce que nous avons fait depuis ……toujours.

    Répondre
    • @Claude Choppin,
      Je vous entends bien, je ne réponds qu’à l’argument de l’avocate d’une de ces ONG qui semble ignorer les autres GES liés à la combustion qui dépend de ce que l’on brule pour n’accuser DRAX que d’émettre plus de carbone qu’en brulant du charbon (ce qui est déjà faux) mais de mentir sur la neutralité carbone de la biomasse, aux réserves près que j’ai signalé.
      Je réponds donc à :
      « en réalité lorsque l’on brûle de la biomasse, on libère davantage de carbone que le charbon », a indiqué lundi à l’AFP Elsie Blackshaw-Crosby, avocate de l’une de ces ONG, The Lifescape Project.

      Je vous précise au passage que j’ai décidé de zapper pratiquement tous les messages qui me bavent dessus, où me prennent pour un imbécile ce sont d’ailleurs les mêmes, et donc de n’y jamais répondre, messages qui se caractérisent par le nom de leur auteur.

      Répondre
  • @ Choppin
    Je vs propose de revoir le documentaire « the planet of the humans » de Michael Moore où Jeff Gibbs enquête sur les centrales à biomasse qui ont envahi les États-Unis. Avec les biocarburants, la biomasse est de loin la principale énergie « verte » produite dans le monde, mais elle détruit les forêts anciennes et occupe les sols agricoles. Interviewés dans des manifestations, les militants écolos ne le savent pas et les leaders environnementaux s’empêtrent au micro de Jeff Gibbs, lui répondant confusément sur l’intérêt de brûler ou pas des arbres et des plantes.
    .

    Répondre
commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

on en parle !
Partenaires
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective