L’Ouzbékistan lance sa première usine de conversion de gaz en liquides
L’Ouzbékistan a lancé fin décembre sa première usine de conversion de gaz en liquides. Un projet de 3,6 milliards de dollars visant à réduire sa dépendance aux importations de produits pétroliers.
C’est en grande pompe que les autorités ouzbèkes ont annoncé l’ouverture, dans de sud-est du pays, de la nouvelle usine de Qashqadaryo. Celle-ci doit produire dans les prochaines semaines 1,5 million de tonnes par an de carburants liquides synthétiques, tels que le kérosène, le diesel, le gaz de pétrole liquéfié et le naphta à partir de gaz naturel.
Le président ouzbèque Shavkat Mirziyoyev a défendu la transition de son pays vers une économie « verte », arguant que ce nouveau site industriel s’inscrivait selon lui pleinement dans cette tendance. Les autorités locales sont notamment très fières de rappeler que la production de cette usine flambant neuf répond pleinement aux « exigences, normes et standards internationaux » les plus élevés en matière d’environnement. Ainsi, lors de l’utilisation du carburant GTL, les émissions de substances nocives seront inférieures de 40 % à celles du carburant traditionnel, empêchant le rejet de 13 500 tonnes de substances nocives dans l’atmosphère chaque année.
Un site industriel essentiellement destiné à répondre à la demande intérieure, même si la demande mondiale de carburant synthétique offre des perspectives intéressantes à l’export.
Le complexe GTL comprend quatre installations de production clés : l’usine d’approvisionnement en services publics, l’usine de production de gaz de synthèse, l’usine de production de liquides de synthèse et l’usine de traitement des produits.
L’ensemble consommera 3,6 milliards de mètres cubes de gaz par an provenant du champ gazier et de l’usine de traitement de Shurtan, à proximité, où les autorités ont également lancé fin décembre 2021 un projet de triplement de la production. Le sud-africain Sasol, impliqué dans la construction de la première usine de conversion de gaz en liquides au Qatar, est le partenaire technologique d’UzGTL aux côtés du géant américain de l’énergie Chevron.
Un carburant utilisable comme du diesel
Pour liquéfier du gaz naturel, on utilise une transformation physique, on refroidit le gaz (-160°C à pression atmo sphérique) jusqu’à ce qu’il gagne un état liquide. Cette température doit être continuellement maintenue pour garder le carburant GNL sous cette forme liquide. À l’inverse, dans le cas du GTL, c’est une transformation chimique qui a lieu : le procédé Fischer-Tropsch. Les molécules de gaz (méthane) sont « cassées » et synthétisées sous une nouvelle forme, permettant de produire un carburant liquide. Ce dernier, à l’inverse du GNL, ne nécessite plus de précautions particulières pour rester sous la forme liquide à température ambiante.
Aujourd’hui, le GTL est déjà utilisé dans certains moyens de transport, comme le routier ou le ferroviaire, mais aussi dans le fluvial et le maritime.
Un triple objectif pour l’Ouzbékistan
Dans un contexte d’expansion des capacités de l’Ouzbékistan dans le traitement en profondeur du gaz naturel, le projet vise à diversifier la production du pays d’Asie centrale.
En extrayant des composants précieux du gaz naturel, il devrait réduire les importations d’hydrocarbures et augmenter le potentiel technologique des industriels gaziers et pétroliers. Développer le GTL, c’est une manière pour Tachkent de produire du carburant écologique, moderne et de haute qualité, tout en contribuant à la réduction des émissions dans l’atmosphère. Sur le plan économique, l’Ouzbékistan compte alimenter la croissance nationale, notamment en stimulant ainsi la formation d’un personnel hautement qualifié dans l’industrie chimique du pétrole et du gaz et la création de plus de 1 000 emplois.