Pakistan : les barrages aggravent les inondations au lieu de les freiner
Confronté tous les ans à des inondations dont la fréquence et l’intensité ne cessent de croître, le Pakistan s’interroge aujourd’hui sur la place de ses barrages. En effet, les spécialistes sont de plus en plus nombreux à accuser ces infrastructures, qui seraient responsables de la hausse du niveau des rivières conduisant à l’aggravation des inondations. Des barrages pourtant essentiels à l’approvisionnement du pays en électricité.
En septembre 2014, le Pakistan a été une nouvelle fois touché par d’importantes crues des rivières de l’Himalaya chargées par les eaux de mousson. 2,5 millions de personnes ont été bloquées par les eaux ou ont dû fuir leur montée. Devant l’imminence d’une catastrophe, les autorités du pays sont allées jusqu’à faire exploser un barrage pour sauver la ville de Jhang. Chaque année les inondations au Pakistan touchent des millions de personnes, en particulier des paysans, et affectent gravement l’économie du pays dont l’agriculture reste l’activité principale. En 2010 les eaux ont recouvert 20% du Pakistan.
Une situation qui serait en partie due, selon différents observateurs tels que l’économiste Kaisar Bengali ou le spécialiste de l’eau professeur à l’université d’Islamabad Mashtaq Gaadi, à l’envasement progressif des barrages. L’accumulation des sédiments conduit à la fois à l’obstruction des turbines et déversoirs (le barrage de Trimmu, construit par les britanniques à l’époque coloniale, ne peut aujourd’hui déverser que 600 mètres cube par seconde) mais aussi à l’élévation du niveau général des eaux des rivières.
Pour engager le désenvasement et rénover ses barrages, le Pakistan se tourne vers des aides extérieures telles que celles de la Banque asiatique de développement ou de la Banque Mondiale. Toutefois, malgré la rénovation récente du barrage de Taunsa, dans le centre du pays, pour un coût de 112 millions d’euros avec l’aide de la Banque Mondiale, des inondations ont une nouvelle fois eu lieu cette année dans la région.
En parallèle, bien que le pays soit équipé de plus de 150 gros barrages, qui produisent 30% de l’électricité du pays, le Pakistan souffre d’une pénurie d’approvisionnement en énergie et la population se voit privée d’électricité chaque jour pendant plusieurs heures. C’est pourquoi le gouvernement, malgré les risques et les controverses, mise toujours sur la construction de nouveaux barrages (dont un dans le Nord du pays pour 11 milliards d’euros), afin de répondre aux besoins en énergie de la population.
Crédit photo : US Marine Corps by Capt. Paul Duncan (inondations de 2010 au Pakistan)
COMMENTAIRES
Mauvaise approche.
On peut dire que la mauvaise gestion des barrages a aggravé les crues, mais pas que les barrages en soient responsables. A minima ils écrêtent si les volumes d’eau excèdent leurs capacité de stockage, au mieux ils suppriment les crues.