Paris 2024 : vers les JO les plus « verts » de l’Histoire ?
Le comité d’organisation des Jeux de Paris 2024 avait axé son dossier de candidature sur l’engagement à mettre en place un événement planétaire qui contribuera à « inspirer l’action climatique à Paris, en France et dans le monde ».
Anne Hidalgo avait annoncé la couleur à quelques mois de l’annonce officielle du choix de Paris pour l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. « La transition énergétique sera le moteur de notre candidature aux Jeux Olympiques et Paralympiques. Nous mobiliserons et orienterons toute une finance qui est prête aujourd’hui à investir dans la transition énergétique », avait assuré la maire de la capitale.
Deux ans après la COP 21 et l’Accord de Paris, la ville Lumière entend ainsi devenir le phare de la lutte mondiale contre le changement climatique. Et le sport doit jouer son rôle. Pour être exemplaire en matière d’énergie et de lutte contre le réchauffement climatique, Paris 2024 s’engage à réduire de 55% de l’empreinte carbone par rapport aux Jeux de Londres (2012) et de Rio (2016) afin de « s’inscrire dans la trajectoire 1,5°C » visé par l’Accord de Paris. « L’objectif n’est pas simplement de faire des Jeux plus verts, c’est de faire des Jeux alignés sur l’accord de Paris», a déclaré Pascal Canfin, le directeur général de WWF, partenaire des Jeux. Selon les prévisions de l’ONG, 1,56 million de tonnes d’équivalent CO2 seront émises à l’occasion des JO, contre 3,42 millions à Londres, qui devront être compensées (par exemple par de la reforestation) grâce à un budget dédié de 30 millions d’euros.
Les premiers arguments des organisateurs plaident en leur faveur : 95% des futurs sites olympiques sont déjà existants ou basés sur des structures temporaires, le village des athlètes et celui un des médias seront structurés autour d’un plan de création d’une ville écologique de 5 000 logements innovants et écoresponsables après les Jeux (bâtiments aux matériaux bio-sourcés, alimentés par des systèmes de production de chaleur par énergies renouvelables). De son côté, le Stade de France, dans le cadre de sa modernisation, devrait être équipé d’une toiture solaire qui fournirait en électricité le centre aquatique de Saint-Denis.
Côté mobilité, les transports en commun « propres » devraient être gratuits et illimités les jours de compétition pour les détenteurs de billets. Le Plan Vélo de la Mairie de Paris prévoit également la construction de nouvelles pistes cyclables connectant le Stade de France et la piscine au village olympique (Paris) et 10 000 places de stationnement de vélo supplémentaires.
Par ailleurs, le comité d’organisation, qui précise que la production électrique est « décarbonée » en France à plus de 91%, essentiellement grâce au parc nucléaire (72,3% du mix électrique français en 2016), souhaite également promouvoir le développement des énergies renouvelables. Le dossier évoque «un approvisionnement à 100% en énergies renouvelables des sites pendant les Jeux». «Aucune source d’alimentation complémentaire ne sera nécessaire pour compléter la capacité existante», est-il garanti.
Île-de-France : l’ambition de devenir la première éco-région d’Europe
Le comité d’organisation de Paris 2024 rappelle aussi que la région IDF mène une stratégie de durabilité au travers de ses schémas de planification (urbanisme, énergie, climat, déchets, biodiversité et continuités écologiques, déplacements, etc.), des plans d’action concrets de son Agenda 21 et de sa démarche de responsabilité sociétale. Sur le territoire francilien, les sites olympiques retenus sont tous couverts par un Agenda 21 local, gage de durabilité.
Exemplarité énergétique
La France dispose de réglementations en matière de construction durable parmi les plus ambitieuses en Europe. Pour y répondre, tous les sites de compétition et les autres sites à construire ou à rénover pour Paris 2024 respecteront les normes les plus strictes en matière de performances énergétiques, sanitaires et environnementales et de contribution à la biodiversité. Les sites de compétition les plus récents sont déjà certifiés ou en cours de certification: méthodologie HQE (Haute Qualité Environnementale) pour l’Arena 92, le Vélodrome National, Bercy Arena I ou le Stade de Nice; le label Golf Environment Organisation (GEO) pour le Golf National; certification BREEAM et ISO 20121 pour Roland-Garros ; certification ISO 20121 pour Le Bourget, etc. Les nouveaux sites du Centre aquatique et de Bercy Arena II seront conçus à énergie positive et à haute performance environnementale. Ils seront «bas carbone» sur l’ensemble de leur cycle de vie.
Les opposants aux JO émettent des réserves
Dans une tribune publiée sur le site Reporterre, Jacques Boutault, maire écologiste du 2e arrondissement de Paris estime que « les JO verts que certains veulent nous vendre n’existent pas. Les Jeux ne promettent sur le plan environnemental que l’écoblanchiment habituel des grands projets inutiles et un cortège de dettes écologiques», dénonce-t-il.
Interrogée par le journal Libération, Muriel Martin-Dupray, vice-présidente de France Nature Environnement Ile-de-France, de son côté, prévient : « si les JO accélèrent la baignabilité de la Seine ou la qualité de l’air et sont une opportunité d’améliorer l’environnement des Franciliens, c’est bien. En revanche on demande à être associés à la suite, on ne se contente pas des bonnes paroles et on reste très vigilants sur un certain nombre de points. On ne les lâchera pas».