Paris : la première coopérative d’énergie solaire ouverte à tous
Alors que plus de 250 initiatives sont actives en France, aucune de ce genre n’existait à Paris. C’est désormais chose faite.
Le 24 septembre, une quarantaine de citoyens ont lancé Enercitif, la première coopérative parisienne d’énergie renouvelable, parrainée par le climatologue Jean Jouzel et fédérée par le réseau Energie Partagée.
Après un été marqué par les catastrophes climatiques et les alertes sur l’urgence d’agir pour contrer le dérèglement climatique, sans oublier l’appel du GIEC à engager des transformations « rapides et sans précédent », le collectif EnerCit’IF a décidé de ne plus attendre.
Ouverte à tous les Parisiens, la coopérative – c’est une première – va permettre à chacun de devenir co-producteur d’énergie renouvelable et d’agir concrètement pour la transition énergétique.
« L’objectif de cette gouvernance participative est de monter des projets, de réaliser des centrales qui vont être installées sur des toitures dans la capitale, de les exploiter, d’en tirer des revenus et de donner un certain revenu sous forme de dividendes à ses associés« , explique Gilles Wintrebert, président de la coopérative Enercit’IF.
« Les bénéfices ont vocation également à être réinjectés dans le développement de nouveaux projets« , précise Jean-Baptiste Blondel, membre fondateur de l’association.
Aux côtés du premier cercle de sociétaires constitué d’une quarantaine de parisiens de tous horizons (étudiants, salariés, travailleurs indépendants, retraités…), les citoyens seront invités à investir dans la construction de centrales solaires sur Paris d’ici quelques mois.
« Les premières toitures où seront installés les panneaux solaires seront mises à disposition par la Mairie de Paris qui soutient la coopérative », ajoute Gilles Wintrebert.
« A Paris, les respect du patrimoine et un certain nombre de règles d’urbanisme gérées par les architectes de Bâtiments de France font qu’aujourd’hui il existe très peu de centrales solaires dans la capitale. Cela complexifie le choix des installations. Sans oublier que pour développer davantage le solaire citoyen, nous attendons une adaptation aux régions des tarifs d’achat, aujourd’hui peu rentables dans le nord de la France« , note Jean-Baptiste Blondel.
Pour une énergie renouvelable, locale et maîtrisée
A travers la coopérative, Enercit’IF souhaite également sensibiliser les Parisiens à la maîtrise de leur consommation d’énergie. Elle s’inscrit dans la dynamique de l’énergie citoyenne, qui promeut un modèle énergétique décentralisé, maîtrisé par les acteurs locaux, en s’appuyant sur la sobriété énergétique et le développement des énergies renouvelables.
« Quand on touche à la production renouvelable, c’est une levier formidable pour sensibiliser la population sur tous ces sujets« , estime Gilles Wintrebert.
Quels objectifs avec quelles toitures ?
La Mairie de Paris a publié récemment une liste de sites qu’elle propose pour ces nouveaux projets solaires. : les écoles et les collèges, qui d’une part avec les toitures terrasses se prêtent bien à recevoir des centrales, et d’autre part s’inscrivent dans des projets pédagogiques.
A terme, l’association vise déjà 1400 à 1900 MWh installés par an, soit la consommation électrique de 500 à 600 foyers. « A travers la coopérative, chaque citoyen peut devenir un acteur de la transition énergétique. On veut permettre aux Parisiennes et aux Parisiens d’agir ici et maintenant pour le climat« , souffle Jean-Baptiste Blondel.
Le climatologue Jean Jouzel, parrain d’EnerCit’IF
Avec le GIEC (Prix Nobel de la Paix 2007) dont il a été vice-président, Jean Jouzel ne cesse d’alerter sur l’ampleur du dérèglement climatique et l’urgence à agir pour renverser la tendance.
Il invite à un véritable changement de mode développement, à « inventer un monde où l’on fait mieux avec moins, tout aussi désirable ». En agissant à tous les niveaux : gouvernements et organisations internationales mais aussi entreprises, collectivités et citoyens.