Pétition climat: le gouvernement a répondu à la requête des ONG (ministère)
Le gouvernement a envoyé sa réponse à la « requête préalable » des ONG qui menacent de le poursuivre pour « inaction climatique » avec le soutien de deux millions de pétitionnaires, a indiqué vendredi le ministère de la Transition écologique.
Quatre ONG (la Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France) avaient adressé le 17 décembre cette requête préalable au gouvernement, accusant l’État de « carence fautive » par son « action défaillante » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Après les avoir reçues jeudi matin à Matignon, le Premier ministre s’était engagé à répondre avant l’échéance de deux mois arrivant à terme dans quelques jours.
« Vous êtes plus de deux millions à avoir signé la pétition +l’affaire du siècle+. C’est historique. Je salue cette mobilisation d’une importance inégalée et partage votre impatience, votre aspiration à aller plus vite, plus loin, plus fort pour le climat », écrit le ministre de la Transition écologique François de Rugy dans un courrier joint à la réponse formelle de dix pages.
Mais il rejette l’accusation d’inaction.
« La France s’est mobilisée pour répondre à l’urgence climatique » et « nous nous donnons les moyens » d’atteindre l’objectif de la neutralité carbone d’ici 2050, assure-t-il, même si « à l’évidence, cette action devra être complétée, prolongée et amplifiée dans la durée ».
Le ministre, insistant sur le fait que « l’enjeu climatique doit devenir la nouvelle matrice de nos politiques publiques », souligne toutefois que les moyens à mettre en oeuvre « sont loin de susciter une adhésion évidente et systématique de la part des citoyens ». Il faudra donc « mener une bataille de conviction sans précédent » parce que ces changements « bousculent nos modes de vie ».
« La taxe carbone est un outil nécessaire pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Mais vous le savez, la fiscalité écologique rencontre de nombreuses oppositions », ajoute-t-il, alors que le gouvernement a fermé la porte à une nouvelle hausse de cette taxe en partie à l’origine de la crise des « gilets jaunes ».
Jeudi, après un entretien avec le Premier ministre, les quatre ONG, notant qu’aucune nouvelle mesure ni engagement ne leur avait été présenté, s’étaient dites « déterminées » à déposer leur recours en justice.
« L’affaire du siècle se réglera devant les tribunaux », avaient-elles indiqué, notant que le recours attendu pour mars tiendrait compte des éléments figurant dans la réponse formelle.
Le mémo de dix pages envoyés aux ONG détaille les mesures prises par l’État contre le changement climatique dans divers domaines, de la production énergétique aux transports, en passant par l’agriculture ou l’isolation des bâtiments.
« Ces mesures commencent à porter leurs fruits : les émissions de l’année 2018 devraient être à nouveau orientées à la baisse, avec des consommations d’énergie plus faibles », assure-t-il, alors qu’elles avaient augmenté en 2017.
COMMENTAIRES
Avant de lancer leur pétition populiste, nos vertueuses ONG auraient été bien inspirées de réfléchir à la fameuse citation que l’on prête à Talleyrand : » Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console. »
Certes la France émet trop de GES, singulièrement de CO2 ; mais c’est tout de même près de trois fois moins que leur modèle allemand. Ce sera toujours trop, si l’on se réfère à l’ambition volontariste et espérée auto-réalisatrice de l’ADEME : zéro carbone en 2050.
Or la bonne situation de la France parmi les grandes nations est liés en grande partie au programme électronucléaire français lancé en 1974 par le gouvernement Messmer. Au cœur du renchérissement considérable du prix du pétrole, il s’agissait de remplacer la part de production d’électricité des centrales à fuel-oil, devenue importante dans le mix électrique des années 1960, par l’électricité d’origine nucléaire. Ce fut un succès. En moins de dix ans, l’électricité d’origine nucléaire était devenue prépondérante. Pourquoi ces ONG ne disent-elles pas que, grâce à cette réussite, la France est, depuis la fin des années 1980, l’un des pays dont l’électricité est une des moins carbonée de tous les grands pays développés ? Pourquoi ne disent-elles pas que nous avons pu ainsi évité, depuis trente ans, près d’une centaine de millions de tonnes de CO2/an ? Sans compter, ce qui importe peu à ces écolos, que nous bénéficions d’un prix d’électricité TTC, constamment beaucoup plus faible que celui de ses voisins ; jusqu’à deux fois moins cher, notamment pour l’Allemagne et le Danemark.
Pourquoi ne pas dire que grâce à 72% d’électricité d’origine nucléaire, la production d’EDF a conduit à l’émission de 17 gCO2/kWh en 2018 ; son plus bas niveau historique. Et qu’ils ne viennent pas dire que c’est le résultat de la production des éoliennes et des panneaux photovoltaïques. Pour s’en rendre compte, comparons-nous donc encore.
En 2018, avec un peu plus de 23000 MW installés, nos ENR électriques intermittentes ont produit 38 TWh (1,65 TWh/MW). Dans le même temps, nos 63000 MW de centrales nucléaires produisaient 393 TWh (6,24 TWh/MW). Ainsi la productivité des centrales électronucléaire est non seulement près de 4 fois supérieure à celle des ENR (3,5 fois pour les éoliennes, 5 fois pour le photovoltaïque) mais leur production est mise à la disposition du gestionnaire des réseaux électriques (RTE), dans le respect de programmes constamment adaptés aux variations des besoins des consommateurs. Au contraire, les ENR produisent ou effacent leur production, au gré du vent et de la nébulosité ; au risque de déstabiliser le fragile équilibre des réseaux électriques. Un équilibre pourtant indispensable à la continuité d’une fourniture électrique de qualité (fréquence et tension stables) et quantitativement adaptée aux besoins des consommateurs. Il est vrai que ce dernier critère est sans intérêt pour les écologistes qui veulent contraindre les consommateurs à s’adapter à la production et in fine à réduire leur consommation.
Quant au succès de leur pétition, comment s’en étonner ? Lancée au cœur de la révolte des GJ, dont le mouvement naît du rejet des taxes sur les carburants, les partis d’opposition, encore mal remis de la déconfiture de 2017, et les ONG y trouvent un bon motif de rivaliser de démagogie.
Un temps déroutés par le rejet des mesures d’incitation à la modération consumériste de produits carbonés, nos écolos ont vite compris qu’il pouvait reprendre la main en surfant sur le mouvement des GJ. Accuser d’irresponsabilité les gouvernants, les fournisseurs traditionnels d’énergie et les « gros » consommateurs, pour dédouaner tout un chacun de ses compulsions irresponsables, voilà de quoi redorer le blason des écolos les plus honnis pour leur rigorisme et qui ne peut qu’entraîner l’enthousiasme des foules provisoirement exonérées d’efforts. Un plagia de la politique de Ségolène Royale, toujours prompte à reculer devant ses responsabilités ministérielles, au prétexte de refuser de conduire « une politique punitive » mais d’en imposer la mise en œuvre… à ses successeurs. S’il fallait en donner quelques morceaux de bravoure on peut rappeler le renoncement aux portiques de péage des camions, la proposition d’ouverture gratuite des autoroutes le dimanche, le report de la décision de fermeture inconditionnelle de la centrale de Fessenheim, victime expiatoire des renoncements, malgré sa récente rénovation, l’autorisation de l’ASN et son intérêt socioéconomique. Le point d’orgue de cette politique est la loi de transition énergétique pour la croissance verte, adoptée le 17 août 2015. La LTECV qui impose la réduction de la production nucléaire à 50% du mix électrique et simultanément une réduction drastique des émissions de GES est en effet un modèle d’injonction contradictoire laissée à ses successeurs et dénoncée par la Cour des Comptes, l’Académie des Sciences, l’Académie des technologies et nombre d’experts ; y compris d’illustres défenseurs du climat (Jean Marc Jancovici, Brice Lalonde, des membres du GIEC…). Fort heureusement, le gouvernement actuel, N. Hulot avait dû en reconnaître la nécessité, en a reporté de dix ans l’échéance de mise en oeuvre.
Quoi de plus démagogique que de vouloir décarboner la France en exonérant les français de leurs responsabilités et en subventionnant massivement (quelque 130 Mds d’euros déjà engagés, selon la Cour des Comptes) les développeurs d’ENR intermittentes ? On n’atteindra pas la neutralité sans un changement profond de nos modes de vie. Des promoteurs cupides qui avec l’appui des écolos et des médias complaisants, bénéficient d’un statut incomparable et exceptionnel de production quasi ad libitum et qui pleurent le soutien financier de l’Etat (contribuables et consommateurs), tout en vantant la compétitivité de leurs machines. Comment comprendre une politique énergétique fondée sur une production erratique et qu’on entend substituer à celle non carbonée des centrales nucléaires ; notamment quand, par bonheur, le vent et/ou le soleil en Europe conjuguent leurs efforts pour surproduire, pour saturer les réseaux des régions frontalières et dégrader la valeur économique des centrales conventionnelles (celles qui adaptent leur production aux besoins) ravalées au rang de supplétifs.
Rappel : 60% des français croient que les centrales nucléaires sont émettrices de GES. Comment s’en étonner quand, pour illustrer la pollution atmosphérique, les médias utilisent indifféremment photos de cheminées de centrales à charbon, émettrices de GES, et réfrigérants de centrales nucléaires émetteurs de …vapeur d’eau !
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Avant de lancer leur pétition populiste, nos vertueuses ONG auraient été bien inspirées de réfléchir à la fameuse citation que l’on prête à Talleyrand : » Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console. »
Certes la France émet trop de GES, singulièrement de CO2 ; mais c’est tout de même près de trois fois moins que leur modèle allemand. Ce sera toujours trop, si l’on se réfère à l’ambition volontariste et espérée auto-réalisatrice de l’ADEME : zéro carbone en 2050.
Or la bonne situation de la France parmi les grandes nations est liés en grande partie au programme électronucléaire français lancé en 1974 par le gouvernement Messmer. Au cœur du renchérissement considérable du prix du pétrole, il s’agissait de remplacer la part de production d’électricité des centrales à fuel-oil, devenue importante dans le mix électrique des années 1960, par l’électricité d’origine nucléaire. Ce fut un succès. En moins de dix ans, l’électricité d’origine nucléaire était devenue prépondérante. Pourquoi ces ONG ne disent-elles pas que, grâce à cette réussite, la France est, depuis la fin des années 1980, l’un des pays dont l’électricité est une des moins carbonée de tous les grands pays développés ? Pourquoi ne disent-elles pas que nous avons pu ainsi évité, depuis trente ans, près d’une centaine de millions de tonnes de CO2/an ? Sans compter, ce qui importe peu à ces écolos, que nous bénéficions d’un prix d’électricité TTC, constamment beaucoup plus faible que celui de ses voisins ; jusqu’à deux fois moins cher, notamment pour l’Allemagne et le Danemark.
Pourquoi ne pas dire que grâce à 72% d’électricité d’origine nucléaire, la production d’EDF a conduit à l’émission de 17 gCO2/kWh en 2018 ; son plus bas niveau historique. Et qu’ils ne viennent pas dire que c’est le résultat de la production des éoliennes et des panneaux photovoltaïques. Pour s’en rendre compte, comparons-nous donc encore.
En 2018, avec un peu plus de 23000 MW installés, nos ENR électriques intermittentes ont produit 38 TWh (1,65 TWh/MW). Dans le même temps, nos 63000 MW de centrales nucléaires produisaient 393 TWh (6,24 TWh/MW). Ainsi la productivité des centrales électronucléaire est non seulement près de 4 fois supérieure à celle des ENR (3,5 fois pour les éoliennes, 5 fois pour le photovoltaïque) mais leur production est mise à la disposition du gestionnaire des réseaux électriques (RTE), dans le respect de programmes constamment adaptés aux variations des besoins des consommateurs. Au contraire, les ENR produisent ou effacent leur production, au gré du vent et de la nébulosité ; au risque de déstabiliser le fragile équilibre des réseaux électriques. Un équilibre pourtant indispensable à la continuité d’une fourniture électrique de qualité (fréquence et tension stables) et quantitativement adaptée aux besoins des consommateurs. Il est vrai que ce dernier critère est sans intérêt pour les écologistes qui veulent contraindre les consommateurs à s’adapter à la production et in fine à réduire leur consommation.
Quant au succès de leur pétition, comment s’en étonner ? Lancée au cœur de la révolte des GJ, dont le mouvement naît du rejet des taxes sur les carburants, les partis d’opposition, encore mal remis de la déconfiture de 2017, et les ONG y trouvent un bon motif de rivaliser de démagogie.
Un temps déroutés par le rejet des mesures d’incitation à la modération consumériste de produits carbonés, nos écolos ont vite compris qu’il pouvait reprendre la main en surfant sur le mouvement des GJ. Accuser d’irresponsabilité les gouvernants, les fournisseurs traditionnels d’énergie et les « gros » consommateurs, pour dédouaner tout un chacun de ses compulsions irresponsables, voilà de quoi redorer le blason des écolos les plus honnis pour leur rigorisme et qui ne peut qu’entraîner l’enthousiasme des foules provisoirement exonérées d’efforts. Un plagia de la politique de Ségolène Royale, toujours prompte à reculer devant ses responsabilités ministérielles, au prétexte de refuser de conduire « une politique punitive » mais d’en imposer la mise en œuvre… à ses successeurs. S’il fallait en donner quelques morceaux de bravoure on peut rappeler le renoncement aux portiques de péage des camions, la proposition d’ouverture gratuite des autoroutes le dimanche, le report de la décision de fermeture inconditionnelle de la centrale de Fessenheim, victime expiatoire des renoncements, malgré sa récente rénovation, l’autorisation de l’ASN et son intérêt socioéconomique. Le point d’orgue de cette politique est la loi de transition énergétique pour la croissance verte, adoptée le 17 août 2015. La LTECV qui impose la réduction de la production nucléaire à 50% du mix électrique et simultanément une réduction drastique des émissions de GES est en effet un modèle d’injonction contradictoire laissée à ses successeurs et dénoncée par la Cour des Comptes, l’Académie des Sciences, l’Académie des technologies et nombre d’experts ; y compris d’illustres défenseurs du climat (Jean Marc Jancovici, Brice Lalonde, des membres du GIEC…). Fort heureusement, le gouvernement actuel, N. Hulot avait dû en reconnaître la nécessité, en a reporté de dix ans l’échéance de mise en oeuvre.
Quoi de plus démagogique que de vouloir décarboner la France en exonérant les français de leurs responsabilités et en subventionnant massivement (quelque 130 Mds d’euros déjà engagés, selon la Cour des Comptes) les développeurs d’ENR intermittentes ? On n’atteindra pas la neutralité sans un changement profond de nos modes de vie. Des promoteurs cupides qui avec l’appui des écolos et des médias complaisants, bénéficient d’un statut incomparable et exceptionnel de production quasi ad libitum et qui pleurent le soutien financier de l’Etat (contribuables et consommateurs), tout en vantant la compétitivité de leurs machines. Comment comprendre une politique énergétique fondée sur une production erratique et qu’on entend substituer à celle non carbonée des centrales nucléaires ; notamment quand, par bonheur, le vent et/ou le soleil en Europe conjuguent leurs efforts pour surproduire, pour saturer les réseaux des régions frontalières et dégrader la valeur économique des centrales conventionnelles (celles qui adaptent leur production aux besoins) ravalées au rang de supplétifs.
Rappel : 60% des français croient que les centrales nucléaires sont émettrices de GES. Comment s’en étonner quand, pour illustrer la pollution atmosphérique, les médias utilisent indifféremment photos de cheminées de centrales à charbon, émettrices de GES, et réfrigérants de centrales nucléaires émetteurs de …vapeur d’eau !