Pétrole: l’Arabie saoudite n’a « aucune intention » de mettre en place un embargo (ministre)
L’Arabie saoudite n’a « aucune intention » de mettre en place un embargo sur le pétrole comme en 1973, a déclaré lundi le ministre de l’Énergie saoudien alors que les relations avec l’Occident se sont refroidies après le meurtre d’un journaliste saoudien.
« Cet incident passera », a déclaré Khaled al-Faleh dans une interview accordée à l’agence de presse officielle russe Tass: « L’Arabie saoudite est un pays tout à fait responsable. Pendant des décennies, nous avons utilisé notre politique pétrolière comme un outil économique responsable et l’avons isolée de la politique. »
« Si les prix du pétrole montaient trop, cela ralentirait l’économie mondiale et déclencherait une récession mondiale. Et l’Arabie saoudite a été cohérente dans sa politique. Nous travaillons à stabiliser les marchés mondiaux et à faciliter la croissance économique mondiale », a ajouté le ministre.
Les explications de Ryad sur la mort du journaliste Jamal Khashoggi, critique du prince héritier Mohammed ben Salmane et exilé aux États-Unis, sont loin d’avoir convaincu les grandes capitales occidentales. L’Arabie saoudite a évoqué une « erreur monumentale » pour expliquer la mort de Jamal Khashoggi, tué dans l’enceinte du consulat saoudien à Istanbul.
Ryad avait promis de riposter à d’éventuelles sanctions après une déclaration de Donald Trump évoquant un « châtiment sévère » contre l’Arabie saoudite. Depuis, le président américain a changé de ton et ménage son allié saoudien.
La chancelière allemande Angela Merkel a quant à elle prévenu dimanche que l’Allemagne n’autoriserait pas en l’état d’exportations d’armes vers l’Arabie saoudite.
En octobre 1973, six pays du Golfe membres de l’Opep avaient augmenté de 70% les prix du pétrole et décrété un embargo contre les pays occidentaux jugés pro-israéliens, ce qui avait provoqué une envolée des prix et une crise pétrolière mondiale.
Le ministre saoudien a par ailleurs déclaré « ne pas pouvoir garantir » que les prix du pétrole ne passent pas la barre des 100 dollars par baril.
« Nous avons des sanctions contre l’Iran et personne se sait ce qu’il adviendra des exportations iraniennes. De plus, il y a des déclins potentiels dans des pays tels que la Libye, le Nigeria, le Mexique et le Venezuela », a-t-il expliqué: « Si trois millions de barils par jour disparaissent, nous ne pouvons pas couvrir ce volume ».
Le ministre a par ailleurs indiqué que l’Arabie saoudite augmenterait sa production de 10,7 millions de barils par jour à 11 millions, précisant que le pays pourrait encore l’accroître jusqu’à 12 millions.
Il a aussi indiqué que le groupe pétrolier national Saudi Aramco était intéressé par de potentielles co-entreprises avec les groupes russes Rosneft et Loukoïl dans le secteur du raffinage, affirmant que l’échange de brut pourrait être une aire de coopération.
Le ministre a également déclaré que Saudi Aramco – qu’il a dirigé jusqu’en 2015 – espérait « devenir le deuxième plus gros investisseur dans Yamal-2 après Novatek ».
Après le méga-projet de gaz naturel liquéfié (GNL) Yamal LNG, inauguré en décembre dans l’Arctique, Novatek prévoit de commencer en 2022-2023 la construction d’un nouveau projet géant, Arctique-2, auquel Total participe à hauteur de 10%.
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