Pétrole: une ONG enquête sur les pratiques opaques d’un négociant suisse au Congo-Brazzaville
Une ONG suisse a enquêté sur les pratiques d’une société de négoce pétrolière soupçonnée par la justice helvète d’avoir corrompu des officiels proches du président du Congo pour acheter du pétrole dans ce pays d’Afrique centrale.
L’ONG Public Eye a publié mardi sur son site les résultats de son enquête sur la société Gunvor, présentée comme le « quatrième négociant indépendant de pétrole du monde » et dont les bureaux à Genève ont été perquisitionnés en 2012 par la justice suisse.
Le parquet suisse a ouvert « une procédure pénale contre X pour +soupçons de blanchiment d’argent+ », a précisé l’ONG.
« Le ministère public de la Confédération s’intéresse à des versements suspects liés à des contrats pétroliers conclus par Gunvor avec l’opaque Société nationale des pétroles congolais (SNPC), qui commercialise l’or noir pour le compte de l’Etat. Elle soupçonne qu’une partie de ces commissions versées à deux intermédiaires aient servi in fine à rémunérer des officiels congolais », a écrit Public Eye.
« Au total, les versements suspects de Gunvor s’élèvent à plus de 30 millions de dollars », a précisé l’ONG.
L’un des dirigeants de la SNPC est le fils du président congolais Denis Sassou Nguesso, Denis Christel, surnommé « Kiki ».
L’ONG fait état d’une vidéo tournée en caméra cachée début 2014 dans un restaurant à Paris. Autour d’une table se trouvent un représentant de Gunvor et un intermédiaire qui déjeunent avec un homme prétendant défendre les intérêts de « Kiki ».
« L’argent n’est pas arrivé à bon port. Denis Christel ne touchait presque rien », affirme dans cette vidéo l’homme prétendant défendre les intérêts du fils du président congolais.
Public Eye ne reproduit pas cette vidéo mais la résume sous la forme d’un web-documentaire.
Le procureur a par la suite poursuivi ce représentant de Gunvor pour « corruption d’agent public étranger » et « le contrat pétrolier signé au Congo en 2014 est annulé », d’après l’ONG qui ne précise pas qui avait placé la caméra cachée.
« Le gouvernement congolais n’a pas l’habitude de réagir aux déclarations et autres rapports à charge contre le Congo venant des pseudo-ONG de transparence. Le gouvernement réagit plutôt aux actes juridictionnels », a indiqué à Brazzaville son porte-parole, Thierry Moungalla, joint par un correspondant de l’AFP.
Une autre ONG, Publiez ce que vous payez-Congo, a interpellé le Fonds monétaire international (FMI) dont une mission se trouve ces jours-ci à Brazzaville pour négocier un éventuel partenariat avec le Congo, victime depuis 2014 de la chute des prix du pétrole.
« Le FMI doit être beaucoup plus vigilant dans ses discussions avec le gouvernement du Congo et poser la fin de l’impunité -comme la priorité absolue du partenariat », selon l’ONG.