Petronas : le système arbitral au révélateur des tensions Nord-Sud

Alors que le géant énergétique Pétronas fête son cinquantième anniversaire, un litige international qui l’oppose aux intérêts occidentaux vient poser à nouveaux frais la question de l’indépendance du système arbitral international.

Cette année, le monde de l’énergie célèbre le 50ème anniversaire de Petronas, géant malaisien des hydrocarbures. Fondée le 17 août 1974, une décennie après l’instauration de la Malaisie en tant que nation souveraine, l’entreprise a rapidement été cataloguée par le Financial Times parmi les « nouvelles sept sœurs », aux côtés des grandes sociétés pétrolières et gazières nationales n’appartenant pas à l’OCDE. Tout comme la création de la Malaisie en 1963 avait pu symboliser une résistance contre l’héritage colonial britannique et espagnol, Petronas s’est positionné comme faisant face aux intérêts occidentaux d’Exxon et de Shell, qui avaient initialement exigé le contrôle des ressources malaisiennes avant d’être contraints de céder leurs concessions.

À sa création, Petronas avait pour mission la gestion des ressources pétrolières et gazières de la Malaisie. Aujourd’hui, la société se positionne comme le cinquième plus grand exportateur mondial de gaz naturel liquéfié et le leader en matière de pétrochimie en Asie du Sud-Est, opérant dans plus de 100 pays à l’échelle mondiale. L’essor de Petronas s’est également traduit par la création de Gentari, une filiale dédiée aux énergies renouvelables et aux technologies de décarbonation.

Néanmoins, des événements récents pourraient contrarier cette trajectoire. En juillet, le gouvernement philippin a créé la surprise en déposant une requête aux Nations Unies, revendiquant des droits sur un territoire marin faisant partie de l’État malaisien de Sabah, remettant en lumière un différend territorial vieux de plusieurs décennies, dont les racines remontent à un accord contesté de 1878. Ce litige a engendré des mesures d’arbitrage international opposant plusieurs fonds spéculatifs à Petronas. Dans ce contexte, Bloomberg indiquait récemment que Petronas cible plus particulièrement Therium, un fonds d’investissement britannique, qu’elle accuse de complicité dans cette affaire.

En raison de son enracinement historico-politique, et de sa dimension post-coloniale, ce litige pose à nouveau la question des relations Nord-Sud. Les tribunaux européens (et notamment français) qui auront à se pencher sur ce sujet feront donc l’objet d’une attention particulière, au risque de voir leurs décisions être perçues comme faisant le jeu des anciennes puissances, au détriment des nations en développement. A l’occasion de ce litige, c’est donc aussi la réputation du système international juridico-arbitral qui se joue.

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