Plan climat: les ONG rassurées sur les objectifs, inquiètes sur les moyens
Les ONG environnementales ont salué jeudi l’objectif ambitieux que la France s’est fixée pour 2050 dans le cadre du « plan climat » présenté par Nicolas Hulot, mais ont déploré l’absence de mesures immédiates dans les transports, les énergies renouvelables ou l’aide internationale.
« Sur le diagnostic, rien à redire. Mais où sont les mesures concrètes face à l’urgence climatique ? Nous restons sur notre faim quant à la manière d’atteindre les objectifs et tenir les promesses parfois ambitieuses: c’est le cas sur la voiture, sur le développement des renouvelables et sur la baisse du nucléaire », a déclaré Cyrille Cormier de Greenpeace.
« L’objectif de la fin de la vente de véhicules thermiques d’ici 2040 envoie un signal utile mais on aimerait vraiment savoir quelles sont les premières étapes », a-t-il ajouté.
« L’idée d’une stratégie en 2018 pour réduire les importations de produits agricoles issus de la déforestation, comme le soja par exemple, est aussi une promesse importante mais les annonces ne font pas une politique et Nicolas Hulot aura-t-il la main face au ministère de l’Agriculture sur ce type de questions », se demande aussi Greenpeace.
Le Réseau action climat (RAC) a relevé des mesures « qui vont dans le bons sens » mais aussi de « grands absents ».
L’objectif d’atteindre la « neutralité carbone » en 2050, plus ambitieux que celui actuel de diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2050, est salué, ainsi que « l’accélération prévue de la taxe carbone », « la prise en compte des enjeux sociaux pour pouvoir fermer les dernières centrales à charbon » ou la rénovation des sept à huit millions de logements très mal isolés en dix ans.
Le RAC, comme Greenpeace, déplore en revanche « le silence » sur la nécessaire fermeture de réacteurs nucléaires pour respecter la loi sur la transition énergétique (ramener à 50% la part de l’atome dans la production d’électricité en 2025).
L’absence de mention de la taxe européenne sur les transactions financières qu’Emmanuel Macron s’était engagé à défendre est décriée par tous.
« Les belles promesses ne sont suivies d’aucune mesure concrète : alors que les populations les plus vulnérables attendaient bien plus qu’une communication bien huilée du président Emmanuel Macron, les financements climat et la taxe sur les transactions financières sont totalement absents du plan climat », a réagi Armelle Le Comte, porte-parole d’Oxfam France.
Cette taxe sur les transactions financières, discutée depuis six ans par dix pays européens, pourrait rapporter quelque 20 milliards d’euros par an, dont une partie irait au financement de l’action climatique en Europe et dans les pays les plus vulnérables.