Plan national énergie-climat des 28: Bruxelles demande des précisions
Les plans nationaux énergie-climat présentés par les 28 Etats membres peuvent encore être affinés, estime mardi la Commission européenne, dans un nouvel exercice destiné à mettre en oeuvre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 de l’UE.
Les pays de l’UE ont déposé auprès de l’exécutif européen le premier jet de leurs plans pour contribuer aux différents objectifs de l’UE en matière de lutte contre le changement climatique, que ce soit en matière de développement des énergies renouvelables, d’efficacité énergétique ou de réduction des gaz à effet de serre.
Cet exercice est le premier du genre, destiné à faciliter la mise en oeuvre des engagements pris par l’UE dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat.
« Globalement, le projet de PNEC (plan national en matière d’énergie et de climat, ndlr) de la France est bien développé et largement cohérent dans ses différentes dimensions », écrit la Commission dans une note résumant ses recommandations.
Elle demande toutefois à la France plus de détails, notamment sur la façon dont elle va articuler ses politiques et les mesures à mettre en place. Une demande qui se retrouve plus généralement au niveau de l’ensemble des Etats membres.
Les plans définitifs devront être remis avant la fin de l’année. « Nos recommandations montrent où les efforts sont nécessaires, par exemple, une ambition plus grande, des politiques plus détaillées, plus de détails sur les besoins en investissement ou plus de travail sur l’équité sociale », a énuméré le vice-président de la Commission en charge de l’Energie Maros Sefcovic.
Il a rappelé que les objectifs « ambitieux » de l’UE, auxquels le Parlement et les Etats membres ont souscrit, nécessitent des investissements supplémentaires d’environ 260 milliards d’euros par an.
Pour la France, ces investissements sont estimés dans le projet de plan entre 25 et 40 milliards d’euros par an.
Selon le décompte de la Commission, dans l’état actuel des plans, les efforts consentis permettraient à l’UE de réaliser son objectif de réduction des émissions de carbone d’au moins 40% d’ici 2030.
Toutefois, l’engagement des secteurs qui ne participent pas au marché du carbone européen (dit SEQE ou ETS selon l’acronyme anglais) est insuffisant, a souligné le commissaire à l’Action pour le climat Miguel Arias Canete. Cela concerne les transports, la construction, l’agriculture, la production d’énergie, la gestion des déchets, des secteurs qui représentent plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre dans l’UE.
Bruxelles souligne également la disparité observée en matière de renouvelables: les plans permettraient de viser 30 à 31% de consommation d’électricité issue de ces sources durables, un peu en dessous de l’objectif de 32% de l’UE.
C’est l’une des faiblesses du plan français, note la Commission: il vise une contribution à hauteur de 32%, contre 33% requis selon la formule de répartition entre Etats membres.
Elle souhaite également que la France fournisse un objectif d’interconnexion des réseaux électriques avec ses voisins. Paris doit « reconnaître en particulier l’importance d’interconnexions supplémentaires avec la péninsule ibérique ».
La lacune la plus importante une fois les 28 plans nationaux agrégés concerne l’effort à fournir en matière d’efficacité énergétique, c’est à dire des économies d’énergie demandées, explique la Commission: l’écart peut atteindre environ 6 points de pourcentage.