Pour Mohammed El-Baradei, « on ne peut se passer du nucléaire »
De passage à Paris pour un colloque sur l’énergie organisé par le cabinet KPMG, l’ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de 1997 à 2009 Mohammed El-Baradei a exprimé ses vues sur l’énergie nucléaire au travers d’une interview au journal Le Monde. Selon lui, Fukushima ou pas, le monde ne peut se passer de cette source d’énergie.
Le Prix Nobel de la paix 2005 estime qu’il est impossible d’imaginer un monde sans nucléaire. Un milliard et demi d’êtres humains n’ont pas accès à l’électricité. Or, le nucléaire permet de produire massivement de l’électricité. Sa part devrait donc augmenter dans les prochaines années, notamment dans les pays en développement et les pays émergents.
« Des pays à forte population, comme l’Indonésie et le Vietnam, sont sur les rangs. La Turquie vient de confirmer des projets. Et d’autres s’ajouteront à la liste » précise-t-il.
Bien sûr, Mohammed El-Baradei admet que l’accident de Fukushima a entraîné plusieurs changements au sein de l’industrie nucléaire internationale, notamment en matière de transparence. Les acteurs du nucléaire, gouvernements et opérateurs, doivent être plus transparents, ce qui n’est pas dans leur culture. Le débat public est sain et nécessaire, c’est d’ailleurs ce qui a manqué au Japon.
L’ancien directeur de l’AIEA pointe du doigt la promiscuité entre régulateurs et opérateurs et souhaitent que les régulateurs aient davantage de moyens. « Le budget de l’AIEA (environ 320 millions d’euros) est ridicule par rapport à ces enjeux. Il faudrait au moins le doubler. » explique-t-il.
Autre idée, plus polémique, Mohammed El-Baradei pense que seuls « deux ou trois pays » devraient stocker les déchets radioactifs, une activité « très rentable ».
Au final, l’ancien directeur de l’AIEA nous confirme ce que de nombreux experts martèlent: le monde ne peut actuellement se passer de l’énergie nucléaire.
