Première phase validée pour la future usine de biocarburant du CEA
Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) a inauguré le lundi 6 octobre dernier une installation de prétraitement de biomasse d’origine forestière sur la plateforme de Bure-Saudron, entre la Meuse et la Haute-Marne. Une première étape validée par la réalisation du démonstrateur industriel Syndièse, premier démonstrateur de production de biocarburant de deuxième génération BtL (Biomasse to Liquid) prévu en France à l’horizon 2018.
24 millions d’investissement seront nécessaires pour construire la première usine de biocarburant deuxième génération en France, destinée à répondre aux nouvelles exigences européennes en matières de biocarburants dans le secteur des transports. Des exigences qui imposent désormais aux Etats membres l’utilisation d’au moins 2,5 % d’énergie issue de biocarburants de deuxième et troisième génération dans les transports d’ici 2020, afin de limiter les émissions de CO2.
Le CEA multiplie donc les projets de recherche depuis plusieurs années dans le cadre d’un vaste programme de développement du « mix énergétique de demain » et collabore depuis 2010 pour le projet Syndièse avec le groupe Air Liquid, spécialiste des gaz industriels. La première étape du projet inauguré ce lundi consistait dans la conception d’un dispositif de conversion de la biomasse en syngaz à l’origine du procédé BtL.
Comme l’a expliqué à l’Usine Nouvelle Thierry Puisieux, responsable du programme Syndièse, « dans un premier temps, nous devions travailler sur cet aspect spécifique avec la société allemande Choren, bailleur de procédés pour la partie gazéification. Mais elle a cessé toute activité et nous avons dû revoir nos plans tout en restant toujours aussi ambitieux sur ce projet basé sur la transformation d’une ressource lignocellulosique forestière, laquelle n’entre pas en concurrence avec l’alimentation humaine« .
Ce partenariat entre le CEA et Air Liquid aura finalement abouti à la réalisation d’une première unité de retraitement biomasse d’un rendement d’une tonne à l’heure et basée sur la production de poudre de bois issue de plaquettes forestières. Cette unité embauche déjà trois employés à plein temps, et devrait accueillir très prochainement une nouvelle équipe de chercheurs du CEA en prévision des phases d’essais du gazéifieur.
L’installation de ce gazéifieur constituera la seconde étape et sera réalisée dans le courant de l’année prochaine. Il permettra notamment de transformer le poudre de bois en hydrocarbures de synthèse. Le procédé, dont le rendement et le bilan carbone seront améliorés par l’ajout d’hydrogène, vise la production d’environ 23 000 tonnes de biocarburant chaque année : du diesel pour les véhicules terrestres, du kérosène pour l’aviation et du naphta pour les applications en chimie verte.
« Quand nous aurons testé et pu optimiser les différentes briques de la chaîne de procédés nous passerons alors à l’étape de démonstration préindustrielle, c’est-à-dire à une échelle de 10 t/h« , souligne Thierry Puissieux. Une étape de démonstration qui devrait s’étaler sur plusieurs années avant une mise en activité de l’ensemble technologique prévue pour 2018.
Crédits photo : Gerfriedc
